Quatre enfants de 5 à 13 ans suppriment la gouvernante autoritaire chargée de veiller sur eux en l’absence de leurs parents. Les sachant coupables pour les avoir vu agir, un mystérieux homme fait régner la terreur dans la maison où les enfants se sont reclus.
En 1976, le cinéaste espagnol Narciso Ibanez Serrador nous avait déjà prévenus avec Les Révoltés de l’An 2000: nos chères petites têtes blondes sont sans doute bien mignonnes et en apparence inoffensives, mais en réalité pas gentilles au fond. Pas gentilles du tout! Deux ans après, en France, Serge Leroy, auteur du terrifiant La Traque, confirme lui aussi que les enfants peuvent parfois être un danger potentiel, surtout quand les adultes tentent de leur dicter leur conduite! D’après un roman américain de Dixon et Koenig, Attention les enfants regardent dérange par l’inversion des notions de gentils et méchants, instille un malaise grandissant face à ces quatre gamins agissant avec une normalité effrayante, d’abord pour s’opposer aux décisions selon eux arbitraires des adultes, puis par simple instinct de survie. Livrés à eux mêmes, ils prennent leurs propres décisions, débarrassés des contraintes et des injonctions qui, d’habitude, guide leurs actes. Leroy utilise une petite musique élégiaque comme contrepoint cynique d’un scénario pervers, mis en lumière par Claude Renoir: l’horreur a lieu en plein soleil d’abord dans un été trop tranquille pour ne pas « cacher » une anomalie. Est ce un abus de télévision qui expliquerait ce comportement déviant? Si dénonciation il y a de ce point de vue, Leroy n’a pas cherché à la rendre subtile, ce qui occasionne quelques maladresses de mise en scène. L’ambiance insolite et étrange et une bonne gestion de la tension permettent au métrage de se classer parmi les oeuvres les plus étonnantes des années 70.
Produit par Alain Delon, ce dernier s’est bien entendu réservé un rôle ambivalent: celui du témoin « gênant » se révélant lui même pétri de mauvaises intentions, rôdant sournoisement autour des bambins pour les intimider. Quant aux « morveux », leur jeu convainc sans mal, autant quand ils s’amusent à des jeux anodins de leur âge que quand ils se transforment en assassins redoutables. Le film est malin, parce qu’il ne va jamais dans la direction escomptée et nous prend par surprises en pointant du doigt une cruauté enfantine sortie non pas d’un récit fantastique surnaturel, mais bien du quotidien le plus banal. Quand les grands sont absents, les petits tuent…
ANNEE DE PRODUCTION 1978.
