CHERE LOUISE

Louise, la quarantaine passée, sans enfants et divorcée, vient de perdre sa mère. Elle quitte le Nord de la France pour aller s’installer à Annecy, refaire sa vie, et exercer son métier de prof de dessin. Un jour, elle rencontre Luigi, un jeune immigré italien de vingt ans, faisant la manche. Elle se prend d’affection pour lui, l’aide à trouver du travail, l’entretient un peu, puis en tombe finalement amoureuse sans crier gare…

Abonné aux comédies débridées sympathiques (L’Homme de Rio, La Poudre d’escampette), Philippe de Broca fait équipe avec le scénariste Jean Loup Dabadie pour écrire le script de cette chronique sentimentale qui ne dit pas son nom. Chère Louise est le portrait d’une femme entre deux âges, indépendante, que la solitude ne rebute pas et qui se laisse embarquer dans une relation « particulière » avec un jeune homme qui pourrait être son fils. Pas vraiment une liaison amoureuse au départ, plutôt un lien « maternel » déguisé, avant que de vrais sentiments ne viennent rebattre les cartes. Le film raconte avec une certaine justesse la rencontre de deux solitudes, trouvant l’un chez l’autre quelque chose qui crée une intimité inattendue. Et puis, à cause de la différence d’âge, du milieu social, du regard des autres également, leurs vies vont prendre des chemins séparés… De Broca délaisse l’humour qui est sa marque de fabrique pour livrer une oeuvre mélancolique, tendre, attachante. Unique défaut dans son élaboration: les baisses de régime en cours de route empêchent une fluidité narrative qui auraient pallier le manque de surprises du scénario. Grâce à la musique superbement composée par Georges Delerue (un ponte dans son domaine), Chère Louise fait parfois penser à un drame lyrique qui refuserait tout débordement de désespoir. D’ailleurs, le personnage de Louise possède assez de lucidité pour ne pas sombrer dans de fausses illusions et se perdre au contact de cette histoire d’amour atypique.

De Broca dirige une grande dame de notre cinéma hexagonal, Jeanne Moreau, alors dans un creux de vague après une décennie 60 admirable, et qui trouve là un beau rôle à défendre, y apportant toute sa substance innée d’actrice. Au point d’éclipser tous ses partenaires, en premier lieu le jeune acteur roumain Julian Negulesco dans le rôle de l’immigré désinvolte et charmeur malgré lui. Le public et la critique rejetèrent en bloc ce film pourtant plein de qualités, peut être décontenancés de ne pas retrouver la légèreté et la futilité propre au cinéma de De Broca. C’est pourquoi il faut le revoir avec un oeil neuf et lui accorder une seconde chance.

ANNEE DE PRODUCTION 1972.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Un bien joli film mal aimé à sa sortie, habilement conduit par De Broca, habité par une mélancolie notable. Jeanne Moreau en est la pierre de voûte.

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