L’inspecteur Paul Sheridan est chargé d’enquêter sur un braquage dans lequel un vigile a trouvé la mort. Il rencontre Lona, la petite amie du gangster accusé, et se laisse corrompre par sa beauté et tombe amoureux d’elle…
Avant de devenir un réalisateur porté sur la comédie et le romantisme, Richard Quine avait fait ses premières armes dans le film noir. Et pas n’importe lequel! Ce Pushover (titre original) n’a rien à envier aux meilleurs opus du genre et lorgne du côté d‘Assurance sur la Mort par exemple. Il impose dès le démarrage une réalisation acérée, avec une impressionnante séquence d’ouverture autour d’un braquage minutieusement monté. Le ton du fatalisme est donné et dès lors l’intrigue se charge d’une électricité particulière, avec cependant moins d’action pure, et davantage de psychologie. Tournant autour de personnages s’espionnant les uns les autres, dans un climat de lourde suspicion, le film s’articule grâce au lien fondamentalement fatal noué entre l’inspecteur principal et la pépée du gangster, femme blonde et bien roulée par qui le malheur va advenir. Un jeu de cache cache s’organise, entre filatures, téléphones sur écoute, appartements surveillés à la jumelle, et les manipulations vont bon train dans une mécanique de suspense intense. Quine s’y entend comme un chef pour entretenir une tension certaine, brouiller des pistes, faire basculer la « loi » du mauvais côté. Avec ses atours de série B très soignée, Du Plomb pour l’inspecteur tient efficacement la route, jusqu’à une fin morale juste comme Hollywood en raffolait.
En héros corrompu, l’acteur Fred Mac Murray, déjà employé dans ce registre par Wilder pour Assurance sur la Mort, reprend peu ou prou ce dispositif et le joue avec l’ambiguité voulue. Face à lui, une jeune inconnue de 20 ans à peine, la sublime Kim Novak, photogénique à souhait, est surtout filmée pour sa plastique et ne possède pas encore d’énormes capacités de jeu, mais qu’importe, en femme fatale, elle est juste parfaite! Construit comme un polar pervers et malin, ce second long métrage de Quine allie l’appât du gain à l’attirance physique et sexuelle (des notions de pêché gravissimes pour l’époque) et en constitue du coup un film ultra moderne.
ANNEE DE PRODUCTION 1954.