ELLE

Michèle fait partie de ces femmes que rien ne semble atteindre. A la tête d’une grande entreprise de jeux vidéos, elle gère ses affaires comme sa vie privée: d’une main de fer! Sa vie bascule lorsqu’elle est agressée chez elle par un mystérieux inconnu. Violée, elle ne porte pas plainte et inébranlable se met à le traquer à son tour. Un jeu étrange s’installe alors entre eux. A tout moment, tout peut dégénérer…

Pour sa première réalisation en France, le néerlandais Paul Verhoeven adapte le roman Oh… de Philippe Djian, auteur de 37°2 le matin, et prouve qu’il n’a rien perdu de son sens de la provocation. Ce thriller malsain aux accents hitchcockiens condense les déviances sexuelles les plus tordues (attrait pour le viol, fantasmes de domination extrême, sadomasochisme) et déploie une ambiguité constante dans un scénario brillamment tissé. Déjà avec Basic Instinct en son temps, Verhoeven avait choqué son monde en présentant une héroine sulfureuse, maitresse de ses désirs et menant les hommes à la baguette (et au pic à glace): de nouveau, la femme froide et déterminée à ne pas passer pour une victime fait de son agression quelque chose qui résonne avec ses propres bizarreries et son obsession du contrôle. Se foutant de la morale, des conventions de récit bien agencé, le cinéaste envoie tout valser, s’autorisant de l’humour (hyper décalé) dans des situations scabreuses, et trace des portraits de personnages presque tous détestables, pour ne pas dire abjects. Sans doute a t’il beaucoup regardé aussi le cinéma de Haneke pour oser mettre en images une scène de masturbation frontale et près de cinq séquences de viol avec coups à l’appui sans penser une seconde se censurer lui même! Elle est un cinéma qui, bien entendu, dérange, bouscule, et peut provoquer autant de rejet que d’attirance. Grâce à sa mise en scène virtuose et tranchante, Verhoeven prend le contre pied des policiers français souvent tiédasses et rend son oeuvre aussi transgressive que possible.

Il y est grandement aidé par son interprète, finement choisie, en la personne d’Isabelle Huppert, idéale pour ce type de rôle « border », sombre et déplaisant. Une héroïne qui ne cherche ni à se faire aimer ni à être comprise au fond. Dans la lignée de La Pianiste, Elle rentre clairement dans les prestations les plus incroyables de cette actrice à qui rien ne fait peur. Elle décrocha son second César pour l’occasion, un Golden Globe et rata l’Oscar de peu. Le reste du casting assure aussi: de Laurent Lafitte en voisin douteux, Charles Berling en ex mari, Anne Consigny en meilleure amie cocue, ou Virginie Efira en épouse grenouille de bénitier. Elle ne se contente pas d’être un brillant suspense machiavélique, mais une étude psychologique de premier ordre relatant la trajectoire d’une femme hantée par un passé abominable et qui explique pour une large part son caractère profondément glacial. En tout cas un grand film!

ANNEE DE PRODUCTION 2016.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Un thriller trouble et vénéneux que Verhoeven maitrise avec un brio impressionnant. Isabelle Huppert intrépide et souveraine explose tout!

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