Erin Brockovich élève seule ses trois enfants, après deux relations sentimentales qui ont échoué, et étant au chômage, elle cherche désespérément un travail. Elle contacte un cabinet d’avocat dirigé par L. Masry et se fait embaucher au forcing et par son bagout incroyable. Elle va découvrir asse vite dans un dossier mineur qu’une société de distribution d’énergie rachète les maisons d’une petite ville californienne de Hinkley. Sur place, elle apprend que les habitants souffrent tous de maladies graves ou de problèmes de santé récurrents. Avec ses recherches, Erin parvient à mettre en cause une usine à proximité ayant contaminé les eaux « potables » avec du chrome hexavalent, potentiellement très dangereux pour l’homme…
Steven Soderbergh marche sur les pas de Franck Capra avec cette histoire « bigger than life », ancré sur le sol américain, nous contant le combat acharné d’une femme (seule contre tous comme le souligne le sous titre) face à un scandale sanitaire de grande ampleur, causé par une société de traitement des eaux. Erin Brockovich se situe entre le film social, la chronique judiciaire mordante et la comédie dramatique, le tout dosé juste avec assez de finesse et d’intelligence pour offrir un divertissement populaire et malin. Soderbergh maitrise suffisamment sa mise en scène pour ne pas glisser dans le sirupeux et rend son propos très accrocheur: l’intrigue est limpide, bien expliquée, didactique et pourtant jamais pompeuse. Dénonciation des pouvoirs financiers se croyant tout permis par rapport à une population peu considérée, Erin Brockovich s’impose par son aspect « véridique » (tout ici est véritablement arrivé et en renforce l’émotion ressentie) tout en étant un formidable portrait de femme. Une femme dans l’air du temps: battante, indépendante, forte en gueule, et ne se laissant surtout ni dicter sa conduite ni marcher sur les pieds. Grâce à un scénario solide et rythmé, Soderbergh redonne foi aux femmes au foyer pour leur dire qu’il est possible pour elles de mener plusieurs combats en même temps, voire d’être mères et des bourreaux de travail aussi!
Dans le rôle titre, Julia Roberts trouve là son personnage le plus fort depuis Pretty Woman et prouve combien ses dons d’actrice dépassent largement ses capacités seulement employées dans trop de comédies romantiques souvent bien fades. Soderbergh la filme amoureusement, mettant en valeur sa plastique, son sourire à tomber et sa détermination admirable. On peut affirmer sans exagérer qu’elle n’a pas volé son Oscar d’interprétation. Face à elle, un acteur que l’on avait perdu de vue et qui revient en bonne forme, Albert Finney, tenant le rôle du patron d’Erin: une valeur ajoutée de poids! Avec énergie, talent, humour et perspicacité, ce long métrage du réalisateur de Sexe, Mensonges et Vidéo a conquis un large public, et pas seulement les fans de Mlle Roberts! Bingo!
ANNEE DE PRODUCTION 2000.