LA FEMME DU BOULANGER

Aimable Castenet, boulanger dans le village de Sainte Cécile, fait le meilleur pain blanc de la région. Sa jeune femme, la ravissante Aurélie, tient la caisse. Un jour, elle est séduite par un jeune et beau berger de passage et prend la fuite avec lui. Désespéré, Aimable s’enivre, ne travaille plus et tout le village se voit privé de pain. Une battue s’organise pour retrouver l’épouse infidèle…

Ecrivain, essayiste et cinéaste, Marcel Pagnol adapte une nouvelle de Jean Giono, touché par cette histoire d’un pauvre homme habité par un amour pur et qui ne peut plus exercer son métier de boulanger simplement parce que sa femme l’a quitté. Pagnol avait déjà porté à l’écran un texte de Giono, Jofroi, mais n’avait pas atteint les sommets que l’on constate ici. Empli de tendresse et de noblesse, La Femme du Boulanger tient pourtant sur un pitch d’une simplicité désarmante: l’anecdote du mari trompé, le cocufiage ordinaire vécu par un homme dans un petit village où il est la risée de tous. La Provence pour cadre bucolique à l’appui comme tous les films de Pagnol, le coeur pour traiter de thèmes universels, la générosité pour décrire des personnages terriblement humains. Passant sans transition de la comédie élémentaire au drame, toute la saveur du film se niche dans le texte et les dialogues concoctés avec minutie, le portrait de personnages pittoresques et stéréotypés (l’aristocrate séducteur, l’instituteur pédant, la bonne irascible, le mari cocu). Dans cet univers patriarcal aux valeurs fondamentales, la femme n’a pas son mot à dire, d’ailleurs on l’entend très peu parler, elle suit son instinct charnel et part vivre l’aventure des sens avec un bel étalon de passage, étranger au village. Pagnol se moque gentiment du machisme ordinaire pour laisser transpirer le bon fond des hommes, capables eux aussi de pleurer à chaudes larmes quand ils se voient abandonnés.

Le mur porteur de cet édifice cinématographique s’appelle Raimu, certainement le plus grand acteur d’avant guerre, au naturel admirable et prenant un plaisir communicatif à jouer ce pauvre homme délaissé, incapable de produire son pain quotidien. Prodigieux quoiqu’il fasse (même dans la saoulerie, il trouve le ton juste), il accomplit là un miracle d’interprétation. A ses côtés et dans un temps de présence réduit, Ginette Leclerc, boudeuse, sensuelle, existe par ses silences et son regard éloquent. Difficile de garder les yeux secs et le coeur insensible devant son retour au bercail, accueillie comme si de rien n’était par l’époux dépité qui préfère réserver ses reproches à la chatte Ponponette, qui avait elle aussi pris le large. Pagnol savait comme personne capter l’essentiel des êtres. D’où le succès mondial du film, comparable à sa célèbre trilogie.

ANNEE DE PRODUCTION 1938.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

La réussite incontestable de Pagnol grâce au texte de Giono, à une humanité profonde, à des dialogues truculents et à une simplicité admirable. Raimu a mis les audiences à genoux.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Latest articles

La réussite incontestable de Pagnol grâce au texte de Giono, à une humanité profonde, à des dialogues truculents et à une simplicité admirable. Raimu a mis les audiences à genoux. LA FEMME DU BOULANGER