Tony Wendice, une ancienne gloire du tennis, s’est marié avec Margot pour sa richesse. Mais celle ci le trompe avec Mark Halliday, un jeune auteur de romans policiers. Il envisage alors de la supprimer pour toucher l’assurance vie et engage un tueur pour faire le sale boulot. Mais rien ne va se passer comme prévu…
Entièrement basé sur la pièce de théâtre de Frederick Knott, Le Crime Etait presque parfait se trouve en bonne place parmi les réussites notables d’Alfred Hitchcock, sans pour autant rentrer dans la catégorie de ses grands chefs d’oeuvres impérissables que sont Psychose ou Vertigo notamment. Respectant à la lettre l’unité de lieu (un bel appartement londonien) et de temps (1H40 comme la durée initiale de la pièce), le film assume totalement son côté théâtral et Hitch l’accentue même par une séquence de procès « sans public ni salle d’audience », juste l’héroïne filmée sur un fond coloré avec les voix off de ses juges. Durant toute l’exposition du « crime » à venir (une scène dialoguée d’environ 20 minutes), Hitch fait preuve de sa maitrise technique et narrative, créant un suspense menant au climax attendu: la célèbre séquence de l’attaque au téléphone par le tueur payé par le mari cupide. Les rapports entre l’époux retors, l’épouse aveuglée et l’amant romancier détective à ses heures rendent l’intrigue passionnante alors même qu’elle regorge de dialogues. Pourtant, à aucun moment, l’ennui ne vient s’installer. L’auteur malicieux de Fenêtre sur Cour est en terrain conquis avec cette histoire où les clefs, les bas de soie et les mystérieuses valises constituent les éléments moteurs. Sans parler d’une paire de ciseaux décisive! Désireux d’expérimenter la technique de la 3D, alors en vogue, Sir Alfred l’imposa dans sa réalisation et utilisa ainsi des profondeurs de champ dont il était friand. Toutefois, le film fut très rarement projeté avec ce procédé par la suite.
En mari calculateur pensant avoir imaginé le plan parfait pour se débarrasser de sa moitié, Ray Milland se révèle idéal avec son visage ambivalent, ses airs faussement innocents et il demeure un des « méchants » les plus marquants de la filmo d’Hitchcock. Grace Kelly est dirigée pour la première fois par le maitre, pour sa blondeur glaciale et sa beauté évidente, elle obtient là son passe pour devenir son actrice fétiche. Beaucoup plus faible est Robert Cummings (vu dans 5ème Colonne) et jouant l’amant beau gosse sans beaucoup d’envergure. L’inspecteur de police futé résolvant l’intrigue revient à John Williams, un habitué du cinéma hitchcockien. Comme ce Crime, le film est presque parfait, et surtout sacrément distrayant.
ANNEE DE PRODUCTION 1953.