Laura a passé son enfance dans un orphelinat entourée d’autres enfants qu’elle aimait comme ses frères et soeurs. Adulte, elle retourne sur les lieux avec son mari et son fils de sept ans, Simon, avec l’intention de restaurer la vieille maison. La demeure réveille l’imagination de Simon, qui commence à se livrer à d’étranges jeux avec ses amis. Troublée, Laura se laisse alors aspirer dans l’univers de Simon, convaincue qu’un mystère longtemps refoulé est tapi dans l’orphelinat.
Produit par Guillermo Del Toro, spécialisé dans les univers sombres et parfois horrifiques, L’Orphelinat est la première réalisation de l’espagnol Juan Antonio Bayona. Quelque part entre un drame familial et du fantastique, le film propose un récit plutôt complexe dessinant progressivement ses enjeux, allant plus loin qu’une simple histoire de fantômes. Bayona sait maintenir une certaine tension et ménager quelques surprises, utilisant le suspense à bon escient. Portrait d’une mère face à l’épreuve douloureux du deuil et de l’absence de son jeune fils, L’Orphelinat bénéficie donc d’une astucieuse mise en scène, d’un soin apporté aux décors et de qualités esthétiques indiscutables. Du point de vue du scénario, s’il est bien intrigant et accrocheur pendant une bonne heure, ensuite la multiplication de rebondissements s’avère plus décevante et même déjà vue. On pense beaucoup a certains classiques tels que Poltergeist, Les Innocents ou plus près de nous Conjuring. Bayona privilegie la poésie au gore (ce qui est une bonne idée) et en cela le fantastique se mue en intrigue dramatique avec un final déroutant, inhabituel dans le genre.
L’actrice espagnole Belen Rueda, notamment vue dans Mar Adentro ou Les Yeux de Julia, porte la quasi entièreté des plans, défendant bravement son rôle de mère refusant l’inacceptable. Le petit garçon est joué par Roger Princep, convaincant lui aussi. Enfin, Géraldine Chaplin prête ses traits à une médium à la fois inquiétante et apaisante. Malgré ses procédés parfois faciles et des redites, L’orphelinat constitue une réussite très acceptable en comparaison des dizaines de films américains prenant les fantômes pour base de récit. Et pour un premier film, le résultat est loin d’être déshonorant.
ANNEE DE PRODUCTION 2008