Alexandre Agut, un banquier macho, invite à dîner deux de ses collaborateurs, Adrien et André, dont il ignore l’homosexualité. Pour l’accompagner, Adrien a demandé à Eva, sa meilleure amie, propriétaire d’une boîte gay, de se faire passer pour sa femme. Or, Alexandre n’est pas insensible aux charmes d’Eva et ne tarde pas à découvrir sa véritable identité ainsi que l’homosexualité d’Adrien et d’André.
Énorme succès populaire du milieu des années 90, Pédale Douce sort toujours du lot des nombreuses comédies françaises prenant pour toile de fond l’homosexualité. Il est certes préférable de passer outre la mise en scène sans grande prétentions de Gabriel Aghion (dont ce fut finalement le seul vrai titre glorieux), pour plutôt se délecter du reste. En premier lieu, d’un scénario éminement sympathique, au ton enjoué, dédramatisant allègrement ce « douloureux problème » que pouvait encore être l’homosexualité aux yeux de bon nombre de gens, s’amusant des clichés s’y rattachant, tout en nous faisant plonger dans le milieu de la fête, de la nuit, du sexe et du plaisir. Là où le récit s’avère assez malin, c’est parce qu’ il fait cohabiter des personnages très bien dans leur baskets et assumant leur différence et d’autres beaucoup plus rétrogrades trimballant toute une série de préjugés ancestraux sur les amours entre hommes. Ainsi, le regard de l’héterosexuel a tout autant de place dans l’histoire que les mésaventures des deux gays Adrien et André et la romance centrale (celle qui apparaît la plus développée) reste bien celle entre la fantasque Eva et le « rigide » Alexandre. Grâce à des dialogues pétillants et souvent très drôles signés Pierre Palmade, le film trouve son rythme de croisière sans temps morts, entre un repas mémorable chez la bourgeoise, des soirées en club privé, des échanges verbaux mémorables nous gratifiant de répliques désormais cultes que l’on compte par dizaines. Le tout sur une BO bien sûr très gay, entre titres inusables de Dalida, Marc Lavoine, Véronique Sanson ou Mylène Farmer.
Pour parler du casting, il faut bien sûr les saluer à peu près tous, de Richard Berry à Michèle Laroque (irrésistible), de Jacques Gamblin (révélation) à Patrick Timsit se lâchant follement sans crainte du ridicule. Mais la grande héroïne de l’ensemble, c’est incontestablement Fanny Ardant en femme à pédés à la fois fragile et dure, réclamant son comptant d’amour comme tout le monde. Sa prestation, drôle et émouvante, lui permit de décrocher le seul César de sa carrière. Colorée, tonique, cette comédie boulevardière canarde l’homophobie, prône la tolérance et vieillit assez bien, même sans lifting! Sans contrefaçon, on valide Aghion !
ANNEE DE PRODUCTION 1996.