Joe, écrivain américain vivant à Paris, recherche désespérément l’âme soeur. Il rentre régulièrement dans sa riche famille new yorkaise, dont son ex femme remariée à un type formidable, à qui il raconte ses déboires sentimentaux. En vacances à Venise, sa fille décide de bousculer le destin en le poussant dans les bras de la belle Von, épouse insatisfaite dans son mariage…
Jamais auparavant Woody Allen n’avait sauté le pas de la comédie musicale pure, attendant sûrement une certaine maturité pour s’atteler à ce genre tant aimé du public américain. Et ce coup d’essai est une très brillante réussite! Tout le Monde dit I love You rend hommage aux grands classiques bien connus comme Un Américain à Paris ou Chantons sous la pluie, en y ajoutant des ingrédients irrésistibles: un humour ravageur, du style, des chansons entrainantes et l’esprit Woody avec ses bons mots habituels. Fourmillant d’idées astucieuses, le film voit pêle mêle des fantômes se lancer dans une chorégraphie endiablée dans une chapelle funéraire (comme un pied de nez à la mort) ou le personnel d’un hôpital fredonnant des airs d’amour langoureux comme si de rien n’était. Les réflexions sur les sentiments éprouvés par chaque personnage prennent une dimension profonde avec par moments une vraie mélancolie et tout le reste du temps beaucoup de joie et de bonne humeur. L’épisode vénitien étant un des plus piquants avec la romance improbable vécue par Woody passant pour l’homme idéal aux yeux de la sublime… Julia Roberts! Il fallait déjà y songer! Et le clou du film se déroule dans les vingt dernières minutes dans un Paris romantique à souhait où l’on assiste à une danse magique sur les quais, de nuit, renvoyant à un numéro fameux du tandem Fred Astaire/Ginger Rogers!
Chaque acteur ou actrice interprète une chanson, sans être doublé et l’imperfection même de leur voix rend le résultat encore plus émouvant. Woody n’a pas lésiné sur son casting, à donner littéralement le tournis. Outre lui même, il dirige Goldie Hawn, Edward Norton, Drew Barrymore, Tim Roth, Natalie Portman et donc Julia Roberts, tous parfaitement alignés dans leurs compositions respectives. Il ne s’agit pas juste d’une bulle de champagne euphorisante, mais bel et bien d’un Magnum grand cru tout entier, aussi précieux que délicieux: le réalisateur new yorkais semble touché par la grâce comme rarement!
ANNEE DE PRODUCTION 1996.