Pierre, Jacques et Michel sont trois célibataires, vivant en colocation. Amoureux des femmes qui ne font que passer dans leur vie… Alors que Jacques , steward, s’envole pour 3 semaines en Thailande, ses deux compères ont une bien curieuse surprise un matin: ils trouvent un bébé dans un couffin au seuil de leur porte (il s’agirait de la fille de Jacques qu’une conquête de passage lui confie pour quelques temps…) Panique à bord!
Le cinéma de Coline Serreau fait la part belle aux comédies sociales où elles radiographient les moeurs de son époque avec humour et pertinence. Avant La Crise et Chaos, son tout premier énorme succès au box office fut donc 3 Hommes et un Couffin, « petit » film que personne n’attendait au tournant! En plaçant trois gaillards célibataires endurcis obligés bien malgré eux de prendre soin d’un bébé de quelques mois et de mettre leur vie entre parenthèses, elle redistribue malicieusement les rôles masculin/féminin et trouve une occasion rêvée pour enchainer les situations amusantes autour de l’organisation anarchique de cette paternité improvisée (et multipliée par 3). Le ton est enjoué, les dialogues vifs et le rythme rapide (comme toujours chez Serreau où les personnages ne tiennent pas en place). Si la mise en scène dépasse de justesse le niveau d’un téléfilm de luxe, le récit provoque parfois de vrais rires (la séquence avec la nounou campée par Dominique Lavanant), plus souvent des sourires attendris (ou comment prendre un cours de puéricultrice dans une pharmacie!), et glisse dans son tout dernier tiers vers une réflexion sur le « baby blues » des papas de substitution. L’ensemble se tient, gonflé d’une sympathie indéniable, ne révolutionne pas grand chose, mais la case du divertissement populaire se voit largement remplie.
Le trio masculin constitué de Michel Boujenah (le plus « ado » attardé du lot), Roland Giraud (drôle et touchant) et André Dussollier (déjà grand dans le registre comique qu’il développera notamment dans Tanguy) joue bien sûr pour beaucoup dans l’attachement qui a lieu envers leurs personnages dépassés par leur nouvelle situation « familiale ». Coline Serreau a cru bon rajouter des sous intrigues pas forcément nécessaires (une histoire de trafic de drogue dont on se désintéresse vite), alors que l’argument de ce bébé presque envoyé par la providence comporte en soi son lot d’emmerdements. La tendresse évidente du film et sa « simplicité » lui ont permis de réaliser le carton inespéré: un César du Meilleur Film (bon… exagéré quand même!) et surtout 10 millions d’entrées!! Banco pour Serreau!
ANNEE DE PRODUCTION 1985.