En 1868, un mystérieux monstre marin s’acharne sur les bateaux naviguant dans l’Océan Pacifique. Alarmé par ce phénomène, le gouvernement américain arme une frégate. Ned, un fabuleux harponneur, Aromax, un scientifique et son assistant partent à la recherche du supposé monstre… et ne vont pas être au bout de leurs surprises.
Après quelques années prodigieuses de succès dans le domaine de l’image animée, Disney entreprend en 1954 l’adaptation en prises de vues réelles du merveilleux roman de Jules Verne pour en faire leur première superproduction, ambitieuse et bien sûr très cher pour l’époque. Autant dire que le spectacle est au rendez vous et le réalisateur en charge, Richard Fleischer (futur auteur des Vikings) ne lésine pas sur les moyens et le souci du détail afin de livrer une oeuvre fidèle au livre, en y traitant ses thèmes les plus forts. L’individualisme de chacun des hommes de cette histoire résonne avec une critique marquée sur une société violente et sur les dangers de la science. Grâce à des trucages formidables, un montage impeccable et la restitution d’un univers féerique, nous sommes littéralement immergés à l’intérieur du sous marin Nautilus et le récit, emballant, assure un divertissement idéal pour petits et grands.
Techniquement très soigné, avec un Technicolor flamboyant, le film ne pâtit peut être que d’un seul défaut: avoir largement édulcoré la dimension écologique du roman. Toutefois, la grandeur vient de ce savant mélange entre la réflexion, l’aventure humaine et le dépaysement total offert par ce monde des profondeurs, fascinant et étrange à la fois! Si la vedette annoncé sur l’affiche s’appelle Kirk Douglas, alors au faite de sa renommée, James Mason le supplante avec son interprétation sidérante du Capitaine Nemo, sombre et complexe. Il est inoubliable. Ce qui frappe également et qui fait l’originalité de ce produit Disney, connu pour son « angélisme » à tout crin, est l’absence de manichéisme (Nemo se sert de son intelligence à des fins terroristes, Ned a autant de courage que de prétention) et l’on assiste à une galerie de personnages d’une richesse rare. Ajoutez à tout cela une séquence haletante d’attaque d’un calmar géant féroce et vous obtenez un des plus beaux fleurons du cinéma américain. Deux Oscars ont récompensé les décors et une direction artistique hors pair.
ANNEE DE PRODUCTION 1954.
