Paul de Marseul, homme dur et froid, dirige un prestigieux vignoble dans le Bordelais. Il y vit avec son seul fils, Martin, un jeune homme assez faible et qui voudrait faire ses preuves. Mais Paul le rabroue sans cesse et lui voue un mépris chaque jour plus insupportable. Quand il s’agit de parler de succession, les drames vont s’enchaîner…
Gilles Legrand, réalisateur pas forcément convaincant dans le passé, avec son laborieux Malabar Princess , revient avec ce très beau film, à l’écriture précise et qui frappe fort. C’est un drame familial puissant, se situant dans un grand vignoble, où le rapport père/fils va être le noeud d’une véritable tragédie. Aidé au scénario par la romancière Delphine De Vigan, Legrand installe une atmosphère lourde, où la cruauté de ce père fait rage contre son fils certes falot et transparent, mais en constante demande d’amour et de reconnaissance. L’humiliant sans cesse, seuls ou devant témoins, ne lui accordant pas la moindre confiance et surtout ne lui témoignant jamais son attachement. Les autres protagonistes (la femme de Martin, le régisseur du domaine François notamment) constatent le fossé se creuser entre les deux hommes, ne pouvant malgré leur intervention, empêcher le drame de prendre corps jusqu’à l’issue fatale.
L’arrivée au milieu du film d’un autre personnage crucial, à savoir le fils du régisseur, va être le tournant du récit. Paul va lui proposer de le seconder au sein du vignoble, le traitant presque comme son propre enfant, une place que Martin convoitait bien naturellement. Les jalousies, la rancoeur et les disputes sont désormais la base de discussions chargées. Le spectateur pressent qu’inévitablement la gravité de la situation est imminente.
La mise en scène est au service des comédiens, tous parfaitement employés et jusqu’aux seconds rôles. Mais c’est le face à face terrible entre Lorant Deutsh et Niels Arestrup qui marque bien sûr les esprits. Le premier en fils humilié, rabaissé fait un beau personnage de martyr et le second est tout à fait détestable en géniteur ignoble et incapable d’amour. A noter aussi entre eux, la présence de Patrick Chesnais qui joue le régisseur proche de la mort et qui fait une composition formidable et déterminante pour l’intrigue. A n’en pas douter, un des films les plus noirs et pessimistes sur la famille de ces dernières années.
ANNEE DE PRODUCTION 2011.