Philippe, jeune commercial, vit avec sa mère et ses soeurs, de façon plutôt modeste. Lors du mariage d’une de ses soeurs, il fait la connaissance d’une des demoiselles d’honneur, une certaine Senta. La jeune fille est séduisante, directe, fantasque, mais devient aussi très vite inquiétante. Philippe va se retrouver pris entre la raison et la passion.
Comme d’habitude chez Claude Chabrol, la famille de province avec ses secrets et ses personnages troubles font les beaux jours de ce nouveau thriller. Le décor est planté dans la banlieue nantaise cette fois, le ton est badin au départ, l’atmosphère se voulant faussement tranquille. Jusqu’à l’arrivée à l’écran et au bout de trente minutes, de Senta l’héroîne du film. Pour le moins originale, jouant de sa séduction et de son mystère pour mieux attirer l’homme vers elle. Il va tomber amoureux d’elle et réciproquement, un peu trop vite d’ailleurs, pour que l’on ne trouve pas cela moyennement crédible. Cette demoiselle d’honneur se comporte de façon étrange et énigmatique, parlant beaucoup d’actes extrêmes, comme de commettre des meurtres. Pour prouver son amour dit elle. On glisse là dans le conte de la folie criminelle chère à Chabrol, sauf que son récit n’est pas assez fluide et trop lancinant et on a du mal à accrocher totalement à cette histoire.
Il y a, bien sûr, des moments de suspense appréciables et qui donnent envie d’en savoir plus. Mais d’explications, il y en aura peu ou presque pas: Senta est une mythomane charmeuse et prête à tout, sans mobile apparent, si ce n’est son amour démesuré pour Philippe, lui trop pragmatique et terre à terre pour la suivre dans ses délires. Le côté un peu mollasson et soporifique de l’ensemble l’emporte sur le malaise qu’est censé produire les événements filmés. Cependant, le point fort réside dans l’interprétation et elle est de qualité. Benoit Magimel en entrepreneur amoureux mais déboussolé par sa belle fait une jolie composition. Il oscille entre inquiétude et fascination. Laura Smet, quant à elle, est tout de suite dans son personnage, attirante et inaccessible à la fois. Elle ne surjoue pas la folie, elle l’intériorise et se révèle très convaincante. Le réalisateur ne retrouve donc pas les fulgurances d’oeuvres comme Le Boucher ou La cérémonie , ne se contentant que d’un film intéressant, mais un peu fade et qui restera mineur dans sa filmographie.
ANNEE DE PRODUCTION 2004
