Caine, un trafiquant d’armes solitaire, échoue dans un port mal famé de la Mer Rouge. Afin d’aider une jeune femme séduisante mais fourbe, il accepte de plonger dans des eaux infestées de requins, pour des expériences scientifiques. Mais il va vite comprendre que c’est un piège tendu par des chasseurs de trésors et va être confronté à un danger maximal.
Oui, il s’agit bien d’un film signé Samuel Fuller, le grand cinéaste anticonformiste des années 50 et 60, auteur des superbes Shock Corridor et The Naked Kiss. Que s’est il passé pour qu’il ai ainsi pondu une telle série Z ? Le besoin de travailler tout simplement. Hollywood et ses producteurs véreux ne font plus confiance à ce génie de la caméra et ne lui proposent plus de bons scénarios à tourner. Alors, quand après des années de chômage et d’insuccès, on lui apporte cette histoire, il accepte les yeux fermés. Hélas, le récit est à peine compréhensible, le montage confus, et surtout la mise en scène d’une platitude effarante! Le prétexte étant de montrer de vrais requins tueurs, le spectateur est happé par cet argument publicitaire alléchant, mais qui au final a tout du pétard mouillé. Le budget est ridicule et ça se sent sur l’écran. Fuller ne tente même pas d’y mettre un peu de son style sec et nerveux, il se contente de filmer sans idées précises et bien sûr, l’ennui prend rapidement la main.
Il ne s’est pas du tout entendu avec la production, et a décidé de bâcler un script déja bien pauvre sur le papier. Pour ne rien arranger, en cours de tournage, un cascadeur a été tué par un squale, endeuillant l’équipe. Fuller se désolidarise de ce film qui va rester maudit jusqu’au montage, dont il ne supervisera même pas le processus. La sortie sera catastrophique et on comprend pourquoi… Six ans avant Les dents de la mer, ce mauvais produit d’attaque animale n’a pas lancé un genre à part entière. La distribution est tenue par Burt Reynolds, encore tout jeune et loin de son triomphe de Délivrance, et de Sylvia Pinal une des égéries de Luis Bunuel, d’ordinaire bonne actrice, mais qui ici n’a rien à défendre de valable. Mieux vaut donc oublier ce Shark! lamentable, ou bien regarder ça avec une indulgence infinie!
ANNEE DE PRODUCTION 1969.