Lorsqu’Alex, un jeune homme aux abords sympathique, débarque dans le centre équestre tenu par sa grand mère Muriel, elle saute de joie de l’avoir près d’elle. Elle apprend cependant rapidement que son petit fils se prépare à partir pour le Canada, afin d’y trouver du travail. Puis, après plusieurs petits mensonges, elle découvre qu’Alex s’est converti à l’Islam, et qu’en fait il projette de se rendre en Syrie, rejoindre un groupe terroriste.
André Téchiné a choisi un sujet malheureusement d’actualité et à haute tension dramatique: la radicalisation. Son dernier film en date se penche sur ce thème délicat, à travers le personnage d’Alex, un jeune gars introverti et secret, en rebellion et qui prépare son départ à des fins terroristes. Sa grand mère, interprétée par Catherine Deneuve, va tout tenter pour le retenir (même de force) et lui faire entendre raison, mais sa spirale infernale de destruction lui échappe encore plus qu’aux autres. La sensibilité de Téchiné est souvent forte et ses intentions louables, mais il ne réussit pas toujours à trouver un ancrage dans la réalité, son propos semble par moments se diluer, ne pas prendre racine dans ce scénario, quelquefois pas assez investi dans son sujet. En effet, il traite de la radicalisation avec un peu trop d’a peu près, se concentrant davantage sur le rôle de Muriel, prête à tout pour empêcher le projet funeste et radical de son petit fils. Du coup, ce qui passe au premier plan, c’est l’action de cette grand mère, et beaucoup moins ce jeune et ses tourments.
Deneuve retrouve son metteur en scène fétiche pour leur huitième collaboration! Elle est convaincante et déterminée et son jeu possède une force certaine. C’est plutôt dans le récit qu’il manque du souffle pour emporter vraiment l’adhésion. Le lyrisme, un moteur principal du style Téchiné, apparaît dans quelques séquences, mais de façon moins émouvante que d’habitude. L’adieu à la nuit insiste sur le déchirement que provoque en creux ce drame humain, sur l’aveuglement d’Alex, laissant deviner un passé tortueux dans sa famille (la mort de sa mère est évoquée, mais cela reste vague). Du coup, l’impression que nous laisse ce film est empreinte d’une petite déception. On voudrait retrouver les fulgurances des Roseaux sauvages ou de Ma saison préférée.
ANNEE DE PRODUCTION 2019