OMBRES ET BROUILLARD

Une petite ville d’Europe Centrale, dans l’entre deux guerres. Un simple employé, Kleinman est sorti de son sommeil pour rejoindre une troupe d’hommes, à la poursuite d’un dangereux tueur, qui étrangle ses victimes au hasard. Dans le même temps, dans un cirque itinérant,  Irmy, l’avaleuse de sabres, quitte précipitamment son clown de mari infidèle et erre dans les rues sombres de la ville, sans se méfier du danger…

Avec ce film très particulier, Woody Allen rend un bel hommage appuyé à toutes sortes de créateurs du cinéma qu’il admire. Grâce à une splendide photographie que l’on doit à son chef opérateur Carlo Di Palma, il décide de tourner dans un noir et blanc magnifique, rappelant l’atmosphère de grands classiques comme M. Le Maudit de Fritz Lang, La nuit des forains de Bergman, ou encore Huit et demi de Fedérico Fellini. L’histoire de ce petit employé juif sans envergure, joué par Woody lui même, et qui est réveillé en pleine nuit pour participer avec une milice à l’arrestation d’un criminel évoque aussi fortement Le Procés de Kafka, un auteur que le cinéaste a abondamment lu. Les autres personnages du film sont les artistes d’un cirque de passage dans cette ville, aux sombres ruelles plongées dans un brouillard dense et inquiétant. Le film emprunte directement à l’expressionnisme allemand, avec ses ombres lourdes et ses angles bas, au détriment parfois du récit qui n’est pas très captivant, il faut bien l’avouer. On ne retrouve pas la verve comique chère à Woody Allen, et ses bons mots sont ici assez rares.

L’intêret d’Ombres et Brouillard est ailleurs: dans la composition des plans, dans le soin apporté à la lumière, faisant clairement penser à un exercice de style. Option pas désagréable en soi, mais un peu vaine. Il s’agit d’un pastiche des films horrifiques de série B tels que la Universal en produisait dans les années 40 et 50, prouvant à nouveau la grande cinéphilie d’Allen. L’autre côté agréable réside dans le casting en or qui défile sous nos yeux: des stars et des comédiens de renom ont tous des rôles courts mais marquants. Jodie Foster en prostituée rigolarde, Kathy Bates en tenancière de bordel, Donald Pleasence en médecin légiste philosophe ou encore Madonna dans la peau d’une trapéziste séductrice. Tous sont étonnants et entourent le couple Mia Farrow/John Malkovich, formant ce couple d’artistes de cirque en pleine crise conjugale. On n’échappe pas également à une réflexion sur la mort et le temps qui passe et la conclusion nous signifiant que tout n’est qu’illusion. Comme le cinéma. Probablement pas un indispensable Woody Allen, mais une oeuvre curieuse à voir malgré tout.

ANNEE DE PRODUCTION 1992

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Un bel hommage à Lang, Bergman et Kafka. Scénario faible mais une distribution de grande classe!

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