Isaac Davis, scénariste romantique et un brin désabusé, a deux amours: New York où il vit, et Tracy une adolescente de 17 ans, dont la candeur l’excite autant qu’elle l’irrite. Il va entretenir une liaison avec une femme de son âge, Mary, ancienne conquête de son meilleur ami, jusqu’à ce qu’il réalise que c’est une emmerdeuse finie! Rien n’est simple dans la vie d’Isaac, à moins que ce ne soit lui qui complique tout!
Manhattan est avant toute chose une célébration délirante de New York, la ville de coeur de Woody Allen, et dès les premiers plans, il lui rend un hommage vibrant en images et soutenu par une musique euphorisante de Gershwin, que les cinéphiles du monde entier ont d’emblée rangé dans la catégorie des grands classiques du 7e Art. Il est vrai que tout est magique dans ce long métrage: l’écriture miraculeuse de Woody au meilleur de sa forme, son humour décapant fait de mots d’esprits totalement irrésistible, des répliques cultes (« Je crois que les gens devraient se mettre en couple pour la vie, comme les pigeons et les catholiques! »), un sens de la répartie intelligente et un grand amour des comédiens. Il se met en scène lui même dans le rôle principal mais n’en délaisse pas pour autant ses partenaires, dont Diane Keaton, merveilleuse, et qu’il retrouve après le carton de Annie Hall. Parmi ses thèmes de prédilection, nous retrouvons déja avec un plaisir immense les considérations sur l’amour, le sexe et le couple, une place importante accordée aux femmes, aux psys et accessoirement au… jazz!
Ce grand film comique n’en est pas moins tendre, nostalgique, aéré et plein de l’angoisse habituelle de son auteur, au sujet du temps qui passe et de la mort au bout. Des scènes devenues légendaires comme celle du planétarium et le dialogue en ombres chinoises, ou celle de la main sortie du lac pleine d’immondices, et la fin avec sa course à travers la ville pour tenter de rattraper la fille qu’il a congédié, pensant ne pas l’aimer. A noter également au niveau des jolies surprises, la présence dans un petit rôle de Meryl Streep (avant Kramer contre Kramer) et qui montre déja un talent époustouflant. Woody épingle au passage les pseudo intellos new yorkais, pullulant dans les expos et autres vernissages, et ils en prennent pour leur grade avec bonheur. Enfin, la photographie noir et blanc signée Gordon Willis, tout à fait remarquable, participe à l’ambiance de façon stupéfiante. C’est grâce à des bijoux pareils que l’on peut remercier le cinéma d’être ce qui l’est: indispensable à nos vies.
ANNEE DE PRODUCTION 1979