Lee Israel est une femme écrivain, ayant eu son heure de gloire, après la parution de plusieurs « best seller ». Hélas, son agent ne l’aide plus du tout et Lee est victime du syndrome de la page blanche, plus d’inspiration et donc plus assez d’argent pour vivre. Elle va avoir l’idée de contrefaire des lettres signées de personnalités prestigieuses et de les revendre. Aidée par un ami, Jack Hock, homosexuel sans le sou, profiteur et alcoolique comme elle. Leur duo va fonctionner jusqu’ au jour où…
Cette oeuvre tout à fait étonnante est signée par Marielle Heller, une actrice de sitcom devenue scénariste et réalisatrice, et qui évoque donc là l’histoire vraie de Lee Israel, une écrivaine devenue faussaire, au début des années 90. Sous la forme d’une comédie dramatique pleine de style, le film déploie des trésors d’écriture d’abord, avec des dialogues brillants et à l’humour corrosif, d’images d’un New York gris et hivernal et doté d’un charme fou (l’ombre de Woody Allen n’est pas loin), et d’une B.O bourrée de nostalgie, avec des standards de jazz renversants. L’intrigue s’articule autour de cette arnaque au féminin, ces contrefaçons de courriers rédigés par des génies comme Noel Coward, Dorothy Parker, Tennessee Williams et d’autres encore, et n’oublie jamais de se pencher aussi sur cette femme et sur sa vie solitaire avec son chat. En effet, la saisissante peinture de la solitude urbaine que vivent ces êtres est poignante et très bien rendue par de menus détails.
L’autre atout majeur de cette réussite réside dans le casting, proprement ébouriffant de justesse. Dans le rôle de Lee Israel, on retrouve Melissa Mc Carthy, plus habituée aux grosses comédies pas très subtiles et qui déploie une gamme riche d’émotions en tout genre. Elle est sensationnelle dans le rire et aussi dans les larmes et le film lui doit une fière chandelle. Son acolyte Richard E.Grant, un acteur anglais spirituel et plein de classe, ne démérite pas face à elle et nous offre aussi quelques beaux moments d’un jeu précis. Peu à reprocher donc à ce long métrage surprenant et qui n’a pas connu le succès qu’il aurait mérité. Mais parfois, le temps fait son oeuvre et répare les injustices causées à des films qu’il faut redécouvrir encore et encore…
ANNEE DE PRODUCTION 2019
