Ivan Bibic est libéré d’un camp japonais à la fin de la guerre. Il n’a qu’un rêve à réaliser: épouser Maria, la fille qu’il a toujours aimé dans sa jeunesse, et qui se trouve en Pennsylvanie, au sein d’une communauté de yougoslaves émigrés. La jeune femme accepte de se marier avec lui, hélas pour l’avoir tant idéalisé pendant de longues années, Ivan ne la désire plus et se révèle impuissant. Maria va bien vite être courtisée par un autre homme très beau, sûr de lui et de passage dans la région…
Andrei Konchalovski, d’origine russe, fut longtemps un réalisateur acclamé dans son pays avec des films comme Sibériade ou Oncle Vanya. Au début des années 80, il décide de s’exiler aux Etats Unis et d’y faire un cinéma plus accessible, plus commercial aussi, et tourne donc ce Maria’s Lovers avec la ferme intention de toucher un public plus large. Le récit de cette femme courtisée et même mise sur un piédestal par un homme revenu d’une guerre qui l’a laminé de l’intérieur, séduit et émeut par son traitement pudique et délicat. Le film n’est pas démonstratif sur les traumas subis par le personnage d’Ivan, et par bonheur, on assiste plutôt à un drame humain mâtiné d’un mélo, autour de cet amour fou qu’il éprouve pour Maria, sans toutefois pouvoir la satisfaire. Il y a quelques ressemblances avec Voyage au bout de l’enfer , sur un sujet approchant, d’autant que l’on y retrouve le même acteur John Savage, au physique de dur, mais au regard triste et un peu perdu.
Mais le principal attrait réside dans la distribution du rôle féminin à la troublante Nastassja Kinski, tout juste sortie du Paris Texas de Wenders. Elle fait preuve d’une finesse de jeu, en plus d’être magnifiquement belle, on pense souvent à Ingrid Bergman à qui elle ressemble étrangement. Konchalovski la filme avec beaucoup de précision, scrutant son visage de poupée, mais sans léser pour autant ses partenaires. Dans un joli personnage de père vieillissant, le mythique Robert Mitchum impose son charisme fou en l’espace de quelques scènes. Bref, ce galop d’essai américain du cinéaste russe possède une déchirante beauté et raconte une singulière histoire d’amour absolu, où les sentiments masculins sont forts bien disséqués.
ANNEE DE PRODUCTION 1984.