François a une entreprise de bois qu’il tient de son père, et mène sa barque avec sa femme Noémie. Ils sont mariés depuis de longues années, mais ne parviennent pas à avoir un enfant. Alors qu’ils songent à se lancer dans une adoption, François rencontre Patricia, une très belle femme, nouvellement installée dans la région avec son mari et ses enfants. Ils sont attirés l’un par l’autre et entament une liaison. Jusqu’au jour où Patricia tombe enceinte de François! Le jeune homme vacille…
Dans un premier temps, ce récit aux allures « classique » raconté et dirigé par Raphael Jacoulot, déja auteur de trois longs métrages, semble vouloir nous mener sur une intrigue amoureuse avec un trio, composé d’un homme et de deux femmes, pratiquant l’adultère, la dissimulation, et les faux semblants. En soi, ce genre d’histoire n’a pas d’originalité réelle, mais la façon dont le climat s’assombrit petit à petit laisse deviner que l’on va assister à un drame humain, et le pressentiment que quelque chose ne peut que dégénerer habite dès lors les séquences les plus anodines. Le film devient captivant lorsque l’on comprend que le désir de paternité du personnage masculin vire à l’obsession et qu’il y perd tous ses repères, toute sa logique et même un peu de sa raison. Car cet enfant qui n’arrive pas dans le couple établi du début est comme une tâche qui va grandir inéluctablement et éclabousser tout ce petit monde. Le drame passionnel entre les amants est dépeint avec beaucoup d’amplitude, sans tomber dans les clichés usuels.
Tout du long, une impression de catastrophe imminente, de danger et de fatalité aussi nous tenaille, sans nous lâcher, et malgré les décors naturels des forêts du Jura dans lesquels l’action se joue et qui sont si apaisants, il y a comme un tonnerre qui gronde sourdement. La très belle prestation des acteurs mérite aussi d’être saluée. Les deux femmes interprétées par Louise Bourgoin (étonnante en plus d’être très jolie) et Mélanie Doutey dont on avait pas vu jusque là l’intensité et qui défend son rôle avec force. Mais surtout Jalil Lespert, un comédien discret, sans plan de carrière, et qui compose ici un beau personnage d’homme perdu et déchiré entre ses deux vies. Il faut le voir porter son fils dans ses bras pour comprendre combien son existence en est bouleversée. Un très bon film rugueux, envoutant à la construction millimétrée.
ANNEE DE PRODUCTION 2020.