SNAKE EYES

Eddie Israel est un réalisateur qui tourne un film sur l’affrontement d’un couple uni par la drogue, les orgies et autres excès. Il a pour interprète féminine Sarah Jennings, une médiocre actrice de séries télé. Le tournage démarre bien, mais Eddie pousse ses acteurs à bout de leurs possibilités, quitte à mettre leur santé mentale en danger. Rapidement, la situation se dégrade et les tensions basculent dans un enfer incontrôlable…

L’enfant terrible du cinéma indépendant américain Abel Ferrara, auteur du génial The King of New York et du très réussi Bad Lieutenant, veut ici faire sa propre Nuit Américaine, mais sur un mode trash, ténébreux et détraqué. Un film sur les coulisses d’un tournage infernal, mené par un cinéaste égocentrique et perturbé qui va pousser ses acteurs dans leurs retranchements et faire de leur fragilité un matériau précieux à fixer sur la pellicule. Ferrara tente une mise en abime périlleuse, quasi autobiographique avec cette oeuvre sombre et tendue, aux accents désespérés. Il donne à voir une partie de son inconscient et la face peu reluisante de la création, celle qui détruit autant qu’elle nourrit. Alternant donc des séquences de tournage réelles et d’autres « hors champ », il brouille les pistes entre réalité et fiction de façon habile, même si par certains aspects, il n’évite pas toujours l’hystérie (parfois on se croirait chez Zulawski), ses intentions sont parfois confuses en voulant « se la jouer » Godard, et sa manière de pointer la folie du cinéma comporte une certaine complaisance un peu agaçante.

Pour autant, ce voyage au bout de l’enfer dans la psychologie humaine possède une force indéniable, une tension de chaque instant, et la rédemption du personnage principal à travers son métier a quelque chose de forcément sincère et touchant. Ferrara peut compter aussi sur son trio de comédiens tout à fait impeccable! D’abord Harvey Keitel, son acteur fétiche, qu’il sublime encore avec ce rôle difficile et profond, James Russo est pour sa part intense et excessif (mais c’est son personnage qui l’habite). Enfin, et c’est la meilleure raison de voir ce film absolument, Madonna se montre comme jamais auparavant: fiévreuse, vulnérable, malmenée, mais incroyablement vivante et vibrante. Son talent d’actrice a pu être mis en doute avec ses choix de carrière hasardeux, mais Ferrara lui donne l’occasion de détromper tous ses détracteurs et de littéralement casser la baraque. Elle est bluffante en comédienne torturée et à l’âme fissurée de partout. Snake Eyes assume sa noirceur et son pessimisme, tout en dénonçant la tyrannie du milieu d’un certain cinéma.

ANNEE DE PRODUCTION 1993.

 

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

L'envers du décor d'un tournage qui vire au cauchemar. Ferrara inspiré. Madonna épatante comme jamais.

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