Richard Blaney, un ancien pilote de la RAF devenu alcoolique est viré un beau matin de son job de barman, dans un pub du marché de Covent Garden, au centre de Londres. Au même moment, un terrifiant tueur à la cravate sévit après avoir violé et étranglé plusieurs jeunes femmes. Toute la police de Scotland Yard est à ses trousses…
Frenzy marque le retour d’Alfred Hitchcock dans son Angleterre natale pour signer l’avant dernier long métrage d’une carrière somptueuse. Cette histoire de crimes en série, avec pour thème central un faux coupable confondu avec un vrai, synthétise toute l’oeuvre du maitre du suspense, et trouve ici même un souffle nouveau avec une caméra qui sort du studio pour offrir des séquences en décors naturels (les rues d’un Londres malsain et les bords de la Tamise dans laquelle on retrouve des victimes), et contrairement à certains autres films d’Hitch, nul besoin de se creuser la cervelle pour savoir qui est l’assassin, on l’apprend très vite, ce qui n’empêche pas le suspense d’être haletant et l’enquête policière passionnante. Le talent du gros metteur en scène se révèle toujours aussi efficace et tranchant comme un coup de canif, jouant avec nos nerfs, utilisant le son avec maestria (lorsque l’on passe du calme oppressant de l’antre du tueur au brouhaha de la rue, étouffant les cris de la victime). Et puis il y a cet humour noir et macabre qui est ici exploité à outrance.
Les rouages de ce film policier angoissant sont parfaitement huilés, pensés et transcrits sur l’écran, tout en oubliant pas d’être intelligents. En effet, Hitchcock fait preuve d’ironie et d’amusement dans sa façon de nous rendre le serial killer presque « sympathique » et de montrer les femmes comme naïves, et inconscientes du danger. Le plus frappant aussi, c’est que pour la première fois chez lui, la violence visuelle est crue et quasi obscène (les séquences de strangulation sont choquantes et comportent de la nudité), comme si Hitch ne prenait plus de gants pour filmer l’horreur du crime. L’acteur qu’il a choisi pour incarner cet étrangleur vendeur de fruits et légumes s’appelle Jon Finch, un anglais au visage inquiétant, jouant la frustration sexuelle de ce sadique avec beaucoup de subtilité. Enfin, il est à souligner que la nourriture est présente tout du long (et notamment dans les infects plats cuisinés par l’épouse de l’inspecteur ne rêvant que d’oeufs et de bacons grillés et qui donne lieu à deux réjouissantes séquences comiques). L’auteur de Psychose n’a pas terminé sa carrière par ce mêt délicieusement concocté, c’est dommage… Mais à 73 ans, il était encore en pleine possession de son Art.
ANNEE DE PRODUCTION 1972.