LA SOIF DU MAL

Dans une petite ville frontalière entre le Mexique et les Etats Unis, une enquête sur la mort d’un notable oppose deux policiers: Vargas fonctionnaire mexicain libéral et récemment marié à une jeune femme, Susie, et Quinlan, un flic baignant dans la corruption depuis des années et truquant des affaires à son avantage. Les préjugés racistes s’emmêlent et les choses vont aller de mal en pis quand Quinlan est pris en flagrant délit de mensonge par Vargas, dès lors décidé à le confondre et à le faire avouer… Par tous les moyens…

La Soif du Mal marque le retour à Hollywood d’Orson Welles après huit ans d’errance européenne. Comme pour Citizen Kane, le film phare de sa carrière, il en écrit le scénario, en signe la mise en scène et se donne un des rôles principaux. Avec son génie habituel, il injecte du baroque, de la folie, du style à cette série B qui aurait été sans grande envergure avec un autre réalisateur aux commandes. Il transcende un script plutôt basique contant la rivalité et l’opposition entre deux policiers (l’un droit et honnête, l’autre véreux et menteur), pour en faire une tragédie digne de Shakespeare. Dès l’ouverture, il joue avec brio de sa caméra en offrant un plan séquence admirable de trois minutes qui est rentré dans les annales du cinéma. Une prouesse technique mise au service d’une ambiance glauque, visqueuse, où les personnages se débattent avec leurs travers, leur inhumanité, leurs vices aussi. Tout ce petit monde évolue vers des destinées funestes, inévitablement happés par le drame qui se noue sous nos yeux. La photographie du film met en lumière cette ville corrompue par la drogue, l’argent et le crime, où même la police vend son âme au diable, en dépit de toute morale.

Au niveau technique, Welles nous gratifie de mouvements d’appareils audacieux, de profondeurs de champs complexes, d’un montage abrupt, mais tout à fait en accord avec la violence psychologique du propos. Le sentiment tenace d’assister au pourrissement d’un monde et de ses valeurs nous prend aux tripes du début à la fin, dans un sombre ballet démoniaque. Le casting brille aussi de milles feux, avec en tête d’affiche l’excellent Charlton Heston en policier mexicain assoiffé de vérité, Janet Leigh joue son épouse et la scène de son agression dans un motel crasseux préfigure de deux ans le meurtre sous la douche qu’elle subira dans un autre motel, celui de Psychose. Mais c’est surtout la composition odieuse et excessive de Welles lui même qui est marquante: il est bouffi, inquiétant, ignoble et méconnaissable en flic obèse corrompu. La cerise sur ce très beau gâteau s’appelle Marlène Dietrich, présente à l’écran seulement quelques minutes, mais qui est éblouissante en cartomancienne fatale. Un immense polar sûrement, un film majeur définitivement.

ANNEE DE PRODUCTION 1958.

 

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Polar très noir, crépusculaire et tragédie totale. Welles au sommet de son Art.

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