La vie et l’itinéraire chaotique d’un jeune Noir, Chiron, pour se sortir de sa condition et faire accepter son homosexualité, alors qu’il vit dans un quartier particulièrement difficile et dangereux de Miami.
Ce second long métrage de Barry Jenkins suit le parcours d’un jeune Noir, élevé par une mère droguée et négligente, harcelé à l’école parce qu’il se sent différent et évoluant dans un milieu propice à la violence et à la haine. Autant dire que la charge émotionnelle de départ est déja lourde et que l’on pouvait attendre le pire dans le genre pathos et larmoyant. Grâce à une sensibilité de chaque instant, à un script écrit avec coeur et courage, et à une mise en scène discrète et au service de son sujet, Moonlight tutoie plutôt les anges et emmène le spectateur très loin dans des émotions bouleversantes. Ces quartiers défavorisés de Miami ont beau être baigné de soleil et bénéficié des atouts de la mer, les dealers, la prostitution, la promiscuité sont le lot quotidien de ceux qui subissent une pauvreté économique terrible. Le petit Chiron va grandir bon an mal an, souvent la tête baissée, voyant son avenir bouché, de manière angoissante. Au fur et à mesure du récit qui s’étend sur presque 20 ans, son apprentissage sera semé d’embûches, de coups, de blessures et aussi d’un peu d’espoir. Le film est d’une grande dureté, pourtant en allant de l’obscurité à la lumière, il ouvre des portes majestueuses vers quelque chose d’inestimable: la confiance en soi, l’affirmation de son identité. L’identité d’un Homme Noir et homosexuel en l’occurrence.
Jenkins réussit assez bien sa mise en place, installe les personnages gravitant autour de Chiron, décrit les situations douloureuses sans forcer le trait. Mais ce qui est surtout magnifique c’est l’ultime partie, lorsque le héros devenu adulte, règle ses comptes avec son passé par la compréhension, la douceur, et l’amour! La dernière demi heure est un miracle de délicatesse retenue, avec des dialogues brefs, mais des silences éloquents et très forts. Trois acteurs différents selon l’âge interprètent Chiron et chacun possède un talent brut précieux. On retrouve aussi dans un second rôle superbe Masherhala Ali (il sera aussi formidable deux ans après dans Green Book) et obtient là un Oscar fort mérité. Le film et le scénario ont également chacun reçu la prestigieuse statuette. Plongez vous donc dans ce plaidoyer pour la liberté et ce vrai combat contre les préjugés. Une oeuvre rayonnante.
ANNEE DE PRODUCTION 2017.