Ben et Jo McKenna, un couple de touristes américains, sillonnent le Maroc avec leur petit garçon Hank. Dans un autocar, ils font la connaissance d’un français, Louis Bernard. Ce dernier est assassiné quelques jours plus tard. Avant de mourir, il a le temps de confier quelques mots à McKenna, concernant un futur attentat contre un homme politique à Londres. McKenna s’apprête à prévenir la police, lorsqu’il apprend que son fils vient d’être mystérieusement kidnappé…
C’est la seule fois dans sa longue carrière qu’Alfred Hitchcock a souhaité faire le remake d’un film réalisé par lui même en 1934. Il s’agit de L’homme qui en savait trop , un éminent cocktail de suspense et d’espionnage complotiste qu’il situe dans un Maroc reconstitué en partie en studio. L’intrigue commence paisiblement par le petit séjour de vacances d’un couple d’américains, bientôt plongé malgré eux dans une histoire de meurtre et d’enlèvement particulièrement prenante et rythmée. Hitch use d’une mise en scène virevoltante et brillante et fait monter une tension habilement menée. Avec son budget confortable, il tourne en PanaVision, et offre un superbe panel de couleurs, de plans hyper travaillés, tout en alliant les astuces scénaristiques avec un humour anglais dont il a le secret. Le divertissement est total et le cinéaste n’oublie pas non plus au passage de s’interroger sur le Mal et la culpabilité, faisant en filigrane une oeuvre inquiète et tourmentée, malgré les ressorts classiques du genre policier.
Les morceaux de bravoure se multiplient implacablement (l’assassinat en plein jour à Marrakech, l’irruption dans l’église londonienne devenue le repaire des espions, et surtout la séquence finale dans un Albert Hall où doit avoir lieu l’attentat, au fameux coups de cymbales). Hitchcock se régale de travellings et de zooms pour mettre sa technique au service d’un suspense prodigieux. Le duo James Stewart/Doris Day peut surprendre au départ, mais finalement leur alchimie opère très vite, et leur couple attachant participe à l’identification immédiate du spectateur. Stewart joue là pour la troisième fois sous la direction de Sir Alfred et il est parfait en homme rongé par un secret mettant en danger sa famille. Doris Day est plutôt convaincante également et chante d’ailleurs la chanson Que sera sera, très intelligemment utilisée pour nourrir l’intrigue. Finalement, le réalisateur de Psychose a été très inspiré en tournant cette version modernisée, elle dépasse du coup l’original et reste aujourd’hui encore un de ses opus les plus savoureux.
ANNEE DE PRODUCTION 1956.