Larry Flynt, un citoyen américain, après avoir tenu des clubs de strip tease féminins, a fondé la célèbre revue Hustler dans les années 70. Un immense succès s’en est suivi, ainsi qu’une kyrielle de procès intentés par des ligues de vertu ultra conservatrices. Il rencontre Althea, celle qui va devenir sa femme, et lui propose de collaborer au journal avec lui. Un jour, Larry est victime d’un attentat, il est touché par balles et devient infirme. Mais sa lutte pour la liberté d’expression ne fait que commencer…
Ce biopic sur la vie du magnat de l’industrie du porno aux Etats Unis, Larry Flynt, est écrite entre autres par Oliver Stone et réalisé par l’auteur d’Amadeus le tchèque Milos Forman. Les esprits les plus tordus et les plus pervers ont pensé que le film allait célébrer la pornographie à tout va, et bien il n’en est rien, l’évocation du sujet restant habilement en arrière fond. Le véritable propos est davantage un combat pour la liberté d’expression, le droit à caricaturer et à blasphémer, un des pivots d’une certaine presse dont Hustler Magazine s’était fait la spécialité. On assiste au parcours d’un homme ambitieux, évidemment porté sur le sexe et l’argent et qui devient en quelques années, un puissant homme d’affaires, à la tête d’un empire. Le plus « impardonnable » dans ce pays puritain qu’est l’Amérique des seventies est qu’il soit devenu si riche grâce à l’exploitation de la sexualité, la diffusion d’images de nudité, et qui ne pouvait que s’attirer les foudres des républicains les plus conservateurs et des catholiques les plus radicaux. Forman use d’un humour corrosif pour évoquer cette histoire, dans le ton irrévérencieux qu’employait Flynt lui même pour se défendre, lors de ses nombreux passages devant la Justice.
Le cinéaste dénonce l’hypocrisie d’un système, la frilosité des uns contre les provocations des autres, et même si les ellipses peuvent sembler trop nombreuses, on est happé par le destin de cet homme à la fois ordinaire et totalement hors cadre. En effet, la manière dont il accède à la notoriété la plus haute n’est pas la partie la plus réussie du scénario, mais Forman a sûrement voulu éviter les longueurs et aller directement à l’essentiel. Dans le rôle titre, Woody Harrelson (révélé dans le terrifiant Tueurs Nés) s’empare du personnage excessif et outrancier et donne une interprétation saisissante. A ses côtés, la chanteuse Courtney Love incarne une héroïne épatante d’intensité et sa métamorphose physique dans les dernières séquences marquera pour longtemps les esprits. Le film a obtenu l’Ours d’Or au Festival de Berlin et rappelé que la censure reste un des pires maux de nos démocraties.
ANNEE DE PRODUCTION 1997.
