Peu après le débarquement de Normandie, en juin 1944, l’histoire d’un médecin Julien Dandieu vengeant la mort de sa femme Clara et de sa fille, sauvagement assassinées par un détachement de soldats SS stationnés dans un château, près de Montauban.
La barbarie nazie selon Robert Enrico. Le réalisateur des Aventuriers s’inspire en partie du massacre perpétré dans le petit village d’Oradour sur Glane, lorsque les allemands ont accompli une des tueries de masse les plus effroyables de l’Histoire. Le script, d’une extrême brutalité, n’y va pas par quatre chemins: le personnage principal n’a qu’une idée en tête: se venger de ceux qui ont décimé sa famille et brisé son bonheur. Un « vieux fusil » sera son allié pour parvenir à son but. Enrico installe sa caméra dans la ville de Montauban et tourne en grande partie au Château de Bruniquel. Maitrise du cadre impeccable, ambiance pesante et mortifère, séquences atroces et traumatisantes: tout concourt à faire de cette oeuvre le classique du cinéma français qu’il est devenu. Mais, en tout premier lieu, la présence d’un couple vedette fabuleux a frappé les esprits: Philippe Noiret et Romy Schneider. Leur duo est de ceux qui semblent évident d’emblée, dès leur rencontre à la Closerie des Lilas, où en quelques échanges de regards, l’amour vient les percuter violemment. Et nous avec!
Construit en flash backs, le scénario d’Enrico possède une qualité précieuse: il permet, au milieu de l’horreur absolue, d’avoir des plages de vie, de respiration et d’humanité, lorsqu’il évoque les jours heureux. Toutes les scènes avec Romy demeurent indélébiles. Elle avait cette lumière intérieure qui ne s’explique pas et qui illumine même les ténèbres de ce drame poignant. Noiret, en mari abattu de douleur mais justicier jusqu’au bout, compose un de ses plus beaux personnages et remporta le César du Meilleur Acteur. Sur une musique devenue légendaire signée François de Roubaix, le long métrage a traversé les décennies, conservé son pouvoir sur le public, même si des esprits chagrins se sont élevés pour dénoncer le caractère « complaisant » de la violence et surtout l’incitation pour l’autodéfense qu’il véhicule. Cela n’a pas empêché le succès populaire avec 3 millions de spectateurs et un César du Meilleur film en 1975.
ANNEE DE PRODUCTION 1975