Des inconnus se réveillent baîllonnès en pleine nature et découvrent rapidement qu’ils sont les candidats d’une chasse à l’homme grandeur nature, orchestrée par de riches Américains, qui ne désirent qu’une chose: chasser et abattre des citoyens pauvres issus d’états ruraux, comme de vulgaires animaux. Mais l’une des proies, Crystal, décide de lutter et de tout faire pour s’en sortir…
Le dénommé Craig Zobel, un petit nouveau venu dans le paysage cinématographique, est l’auteur de ce film d’action trash, vendu comme une oeuvre d’horreur. Sur une trame rappelant le classique de 1932 Les Chasses du Comte Zaroff , avec un aspect politique en supplément, The Hunt bouscule les idées reçues, les mécanismes habituels du genre et lorgne plutôt du côté de la série B efficace, avec en prime un regard féroce sur l’Amérique moderne, traitant de la lutte des classes, sans tomber dans un discours pompeux. Ce sont un peu les salauds de riches contre les gentils pauvres, victimes idéales. La violence visuelle et cash ne lésine pas sur les effets gore et sur les flots de sang, mais pourtant le ton des dialogues et de certaines situations montrent ouvertement qu’il faut prendre tout ça au second degré. Le rythme faiblit un peu au milieu avec quelques scènes plus attendues, heureusement l’héroïne donne du nerf et injecte du punch jusqu’à la dernière partie ricanante et presque farcesque.
Le jeu de massacre se veut divertissant et propose même une charge contre les extrêmes et le populisme rampant, et l’aspect réjouissant du scénario doit être salué. L’affrontement final entre les deux figures féminines, au milieu d’une cuisine high tech, renvoie clairement à une des séquences les plus marquantes de Kill Bill (humour et bastons mêlés) et frôle de peu le plagiat ou l’hommage (chacun jugera!). L’actrice Betty Gilpin, découverte dans la série Glow sur Netflix, assure à 150% en jeune femme couillue et qui ne se laisse jamais écraser. Face à elle, avec moins de temps de présence, on retrouve la trop rare Hilary Swank (deux fois Oscarisée), toujours stupéfiante et pratiquant la boxe, comme un clin d’oeil à son rôle dans Million Dollar Baby. Cette chasse cultivant la méchanceté et le mauvais goût est une imprévisible réussite à ne pas manquer.
ANNEE DE PRODUCTION 2020.
