Vétéran de la guerre de Corée et désormais retraité veuf, Walt Kowalski est un vieil homme réac, pas très agréable et passablement raciste. Il voit d’un mauvais oeil la jeunesse, l’arrivée d’immigrants d’Asie du Sud Est, qui deviennent ses nouveaux voisins. Mais, les événements vont amener Walt à défendre cette communauté contre un gang local de caïds, qui fait régner la violence et la peur. Walt n’aime pas se laisser emmerder et va réagir à sa façon…
A 78 ans, Clint Eastwood, en maître établi du cinéma américain, n’a franchement plus rien à prouver et revient trois ans après le triomphe de Million Dollar Baby. A nouveau devant et derrière la caméra, et cette fois il conte une histoire toute simple mais sacrément efficace: celle d’un vieil homme xénophobe, asocial et traumatisé par son lourd passé de militaire en Corée, qui a sûrement endurci à jamais son caractère. Au fur et à mesure, le scénario s’attache à montrer cet anti héros dans ses travers les plus antipathiques avant qu’il ne se radoucisse peu à peu, au contact d’une famille de Hmong, dont le fils va devenir son protégé. Eastwood condense en un seul personnage toutes les caractéristiques de ses célèbres rôles et fait preuve d’autant de dureté que de sensibilité, du coup le film n’est pas seulement un drame intimiste sur un homme en fin de parcours, mais prend aussi des accents de comédie grinçante. A travers des répliques cassantes et ouvertement racistes, il grossit le trait pour justement dénoncer ces préjugés idiots, et l’on sent poindre derrière sa cuirasse une autocritique savoureuse. Celle d’un américain bougon au grand coeur au fond.
Le récit décrit l’amitié entre ce vétéran et ce jeune homme désarmé qu’il prend sous son aile, puis le défend au péril de sa propre vie contre des truands de quartier particulièrement dangereux. Avec une simplicité bouleversante, l’ancien Inspecteur Harry se transforme en justicier humaniste et signe un grand film aux allures testamentaires (tous ces thèmes favoris semblent former une synthèse cohérente ici). L’humour salutaire n’est pas absent et la conclusion inattendue ne peut que nous émouvoir au plus haut point. En tant qu’acteur, Eastwood est de chaque plan, écrasant de sa présence monstre et laisse peu de place aux autres comédiens, mais ca ne porte pas préjudice au résultat. Peut être le dernier vrai bon film d’un grand monsieur.
ANNEE DE PRODUCTION 2009.