La mère de Julien, un préadolescent, lui voue un amour excessif et ne supporte pas de le voir grandir. Lorsqu’elle sent qu’il lui échappe en découvrant un flirt de collège, elle referme son emprise sur lui, créant un vide affectif autour de lui, allant jusqu’à le battre. Le jeune garçon dépérit, perd sa vitalité, ramène des résultats scolaires catastrophiques, et tombe dans l’anorexie. Même le père ne fait que constater, sans réagir ni tenter de faire changer les choses… jusqu’au drame inévitable…
Le thème de la maltraitance parentale n’est pas un sujet très souvent évoqué au cinéma, il est donc courageux de la part de ce jeune réalisateur, Martial Fougeron, de traiter frontalement de ce problème douloureux et délicat. Dans les décors banals d’une famille de la classe moyenne, la violence psychologique, puis physique s’installe sournoisement de la part de cette mère vampirique et castratrice sur son jeune fils. Fougeron se veut discret avec sa mise en scène et met l’accent sur les situations de plus en plus limites qu’il filme avec une certaine froideur. De quoi est faite cette relation amour/haine et pourquoi de telles dérives? Les réponses resteront en suspens dans ce récit glaçant, où l’on devine seulement un trouble psychiatrique sous jacent chez l’héroïne, doublé d’un désamour du mari (excellent Olivier Gourmet, en époux démissionnaire et dans le déni total). Le traitement n’est pas dénué de défauts (sûrement si l’on s’attend à des dérapages encore plus prononcés), mais en même temps la force du film vient de cette sobriété.
Fougeron a voulu clairement éviter le pathos, tentant avec ce genre de thème, et a préféré suggérer, multiplier les non dits et les regards lourds, plutôt que le psychodrame pur. D’où une ambiance pesante, digne d’un thriller, qui ne relâche pas la tension. Le jeune Victor Sevaux fait montre d’un réel talent d’acteur pour ses premiers pas devant une caméra et tient tête à son écrasante partenaire de jeu: Nathalie Baye. La comédienne tisse une composition puissante de mère déviante et dure et impressionne par son comportement terrifiant. Le plus dérangeant est que cette maman ne semble pas consciente de sa monstruosité et ses actes relèvent de l’abus de pouvoir, pourtant désastreux pour ce fils en pleine construction psychique. On attend depuis un second long métrage de ce cinéaste, mais silence radio…
ANNEE DE PRODUCTION 2007.