A 20 ans, Jeanne, superbe jeune femme, épouse Louis. Bonheur de courte durée, car Louis est militaire et part à la guerre contre les Allemands. Il y restera prisonnier quatre ans. Avec lui, Jeanne a découvert l’amour, la sexualité et a eu des enfants. Mais elle plait à beaucoup d’hommes et se laisse séduire, trouvant des partenaires de passage qui lui apportent du plaisir. Un jour, une liaison avec un certain Matthias prend beaucoup plus d’importance…
Après le succès planétaire d’Indochine, le réalisateur Regis Wargnier a eu l’ambition de tourner une saga « romantique » sur la passion et le désir, tourmentés par les guerres successives et entrainant ses personnages dans le feu des sentiments dévastateurs. Malheureusement, il oublie de mettre du lyrisme dans sa mise en scène, se contentant d’être illustratif, s’appuyant sur des jolis décors, sur des images conventionnelles qui évoquent davantage un roman de gare médiocre qu’un grand récit romanesque. Il semble obsédé par son héroïne, centre névralgique du film, sans s’intéresser le moins du monde aux seconds rôles, posant mollement sa caméra en se gardant bien d’apporter le moindre point de vue personnel. Sa narration, boursouflée, traine la patte, et n’est jamais aidée par une musique envahissante, et qui ne pallie pas les lacunes d’un scénario boiteux et mal foutu.
Wargnier voudrait nous toucher avec cette histoire d’adultère multiple, arguant du fait que Jeanne est une femme « faite pour l’amour », alors qu’en réalité il la montre surtout éternellement insatisfaite, telle une Madame Bovary moderne, cherchant à tromper le manque de son mari par une collection d’amants. Pour son casting, il a eu la riche idée de réunir à nouveau le couple Daniel Auteuil/Emmanuelle Béart, qui se retrouve ici pour la quatrième (et dernière fois). Lui est parfait en mari absent et cocu qui ne comprend pas les besoins de son épouse, elle est sublime de beauté et de sensualité, et en pleine possession de son jeu d’actrice. Certes, elle séduit, elle minaude, elle mime les gestes du désir et de l’amour passion avec beaucoup d’emphase, mais elle reste la véritable attraction du film. Wargnier a beau citer et inclure des extraits de films de Douglas Sirk, il est loin d’avoir la capacité de créer des mélodrames aussi beaux que son modèle. Et cette femme française prouve surtout cruellement ses limites de conteur.
ANNEE DE PRODUCTION 1995.