Ibrahim est un jeune rebeu de 17 ans, vivant seul avec son père Ahmed, qui travaille comme chef de rang, dans une grande brasserie parisienne. La maman est décédée. Taciturne, peu doué pour les études et rêvant de devenir footballeur pro, Ibrahim n’a qu’un seul ami Achille, qui l’entraine dans des coups tordus pour se faire de l’argent facile. Un jour, un vol tourne mal et le jeune homme est obligé de rembourser une grosse somme… Le père paye, l’ado va se démener pour payer sa dette…
Acteur abonné aux seconds, voire aux troisième rôles, Samir Guesmi s’est surtout distingué dans deux films devenus de jolis succès: Camille Redouble et L’effet Aquatique. Il passe à la mise en scène pour la première fois avec ce drame social, doublé d’un récit autour des rapports conflictuels entre un père et son fils. Privilégiant les non dits plutôt que les longs dialogues explicatifs et pesants, Guesmi dose ses effets dramatiques pour raconter son histoire le plus simplement possible, faisant preuve d’une sobriété presque exagérée dans sa réalisation, comme s’il marchait sur des oeufs, ou en tout cas sur un chemin délicat. Il dresse le portrait de ce jeune homme silencieux, un peu rêveur et qui ne semble pas en prise avec la réalité. Guesmi nous évite les outrances misérabilistes que l’on voit d’habitude dans les familles monoparentales, dont la précarité financière n’arrange rien au quotidien. Les sourires sont absents sur les visages, comme si toute perspective d’avenir était impossible.
Dans les décors extérieurs un peu ordinaires d’un Paris surtout nocturne, l’acteur réalisateur pose sa caméra sans jamais la rendre intrusive, s’attardant pas mal à coups de gros plans sur les expressions faciales de ses personnages, comme pour leur extirper une parcelle de vérité. Il s’est donné le rôle du père, travailleur acharné, maladroit avec ce fils qu’il voit tomber peu à peu dans la délinquance, et sa composition est un sans fautes. Comme celle du jeune Abdel Bendharer, une première fois pour lui, marque aussi par sa présence. Ce film pudique et digne veut montrer l’adolescence difficile, sans faire du Zola. Résultat: une oeuvre à la sensibilité indéniable, à qui il manque toutefois quelque chose, pour être transcendant.
ANNEE DE PRODUCTION 2021.