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NOUS NE VIEILLIRONS PAS ENSEMBLE

Jean, la quarantaine, est un éternel enfant doublé d’un cinéaste raté. Marié depuis longtemps avec Françoise, il entretient une liaison avec une jeune maîtresse, Catherine, depuis plus de six ans. Pourtant amoureux de cette dernière, son comportement irascible et leurs violentes disputes les éloignent chaque jour un peu plus. L’un comme l’autre n’ont pourtant pas le courage de rompre, ils s’interrogent sur leur séparation, et très vite ne peuvent s’empêcher de se réconcilier…

D’après son roman du même nom, Maurice Pialat adapte ce récit très largement inspiré de sa propre vie, pour ce deuxième long métrage, après L’Enfance Nue. Sa méthode de tournage consiste à nouveau à filmer sur le vif, traquant la vérité la plus enfouie, et se pose en chirurgien des âmes et des coeurs. Il dissèque en effet au scalpel la relation amoureuse compliquée entre cet homme goujat, imprévisible, possessif et cette femme sincèrement éprise de lui, mais incapable de lui résister. Sans se soucier le moins du monde de la beauté formelle, il délaisse les cadrages soignés pour mieux raconter son histoire, il ne cherche pas à plaire, ni à déplaire, il nous donne à voir frontalement comment ces deux êtres se déchirent, alors qu’ils s’aiment à leur manière. Le personnage de Jean témoigne d’un caractère difficile, voire odieux, cependant il parvient aussi à le rendre touchant et plus humain qu’il n’y parait. La brutalité de certains dialogues, la désespérance de certaines situations sont crues certes, mais personne mieux que Pialat n’a su capter la débâcle d’un amour, la fuite des sentiments.

Cette chronique amoureuse remuante traduit avec minutie la cruauté des êtres, leur lâcheté et leur capacité à se faire du mal. Et puis, elle montre aussi combien souvent, on ne parvient pas à s’aimer en même temps avec une intensité identique. Le réalisateur de Van Gogh a confié son propre rôle à Jean Yanne, parfaitement grandiose en homme blessant et blessé, il obtiendra un Prix d’Interprétation justifié à Cannes (qu’il n’ira pas chercher!). Face à lui, en jeune femme à la fois amoureuse mais malheureuse, Marlène Jobert démontre des capacités d’émotions remarquables, loin de ses compositions plus commerciales de l’époque. Cette rupture de cinéma est en tout cas criante de justesse, quasi documentaire, car Pialat avait le génie de ne jamais tomber dans la complaisance. D’où un drame désenchanté empli d’une sourde tristesse et qui résonne en chacun de nous. Infiniment.

ANNEE DE PRODUCTION 1972

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Sûrement le chef d'oeuvre de Pialat. Apre, cruel, mais non sans tendresse, il disséque la rupture lente d'un couple. Admirable Marlène Jobert et extraordinaire Jean Yanne.

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