Alexia est une jeune femme vivant depuis son enfance avec une plaque en titane au niveau du cerveau, à la suite d’un grave accident de la route. Au gré de ses rencontres de hasard, elle tue indifféremment des hommes ou des femmes, sous le coup de pulsions meurtrières très fortes. En parallèle, Vincent, un quinquagénaire commandant une unité de pompiers, attend depuis plus de dix ans que l’on retrouve la trace de son fils, Adrien, disparu quand il était encore gamin…
Après Grave, son premier film de genre fantastique sur le cannibalisme, qui avait beaucoup plu et déstabilisé le public en 2017, la jeune réalisatrice française Julia Ducournau revient en force avec un second opus, encore plus barré, et nettement plus radical que son prédécesseur! C’est dire! Elle fait le pari de l’audace et de la provocation en proposant ce scénario un peu alambiqué, dans lequel une jeune femme serial killeuse va croiser la route d’un père de famille dans le déni de la disparition de son fils. La cinéaste tente de repousser ses propres limites, n’ayant peur de rien, et confirme une singularité et un sens de la mise en scène évident. Très travaillé esthétiquement, Titane impressionne par ses images choc, sa violence graphique étudiée au millimètre, et aussi par ses références lorgnant du côté de chez Cronenberg ou Lynch. Elle parvient à créer une ambiance malfaisante, un goût pour le trash assumé et évidemment ne lésine pas non plus sur quelques passages gores. Il faudrait être malhonnête pour ne pas lui reconnaitre un talent de tout premier ordre. Cependant…
En dépit d’une saisissante première partie, le film se perd dans son dernier tiers, en choisissant la voie très tentante de la surenchère et de l’outrance. C’est d’autant plus dommage que le thriller était sur les bons rails et que la « sortie de route « vers le fantastique ne constitue pas le meilleur atout d’un final, à la limite incompréhensible. La jeune Agathe Rousselle fait littéralement peur avec son interprétation d’une grande force (et ce, avec une économie de dialogues rare!). Quant à Vincent Lindon, il sort de sa zone de confort en incarnant un pompier bodybuildé et papa aveuglé par l’amour qui restera parmi ses plus fortes compositions. A noter également le beau travail effectué sur les corps (comme c’était déjà le cas dans Grave), confirmant par là le désir de Julia Ducournau d’être considérée comme un auteur. Ce film électrisant, mais non dénué de défauts, devrait en tout cas diviser de toute part.
ANNEE DE PRODUCTION 2021.