La Marquise de Merteuil demande à son ancien amant, le Vicomte de Valmont, de séduire la très jeune fille de sa cousine, Mlle de Volanges. Elle veut ainsi se venger d’un autre ancien amant à qui on a promis en mariage la jeune Cécile de Volanges. Au début, Valmont refuse cette proposition, il choisit dans le même temps de séduire la prude Madame de Tourvel, fidèle à son mari, parti présider un procès en Bourgogne. Ensuite, il séduit sans mal la jeune Cécile, mais finit par être pris à son propre piège en tombant réellement amoureux de Madame de Tourvel. Son pacte diabolique avec Merteuil peut il dès lors se finaliser?
Réalisateur anglais de bons films à la réputation flatteuse (My Beautiful Laundrette, Prick Up your Ears), Stephen Frears a tiré son billet gagnant pour Hollywood, en adaptant le roman épistolaire de l’auteur français Choderlos de Laclos. Ces liaisons dangereuses ou jeux « amoureux » au sein de la riche aristocratie du XVIIIe siècle sont le fruit du travail de Frears avec le scénariste Christopher Hampton. Sur une narration d’une belle fluidité, sa réalisation élégante et virevoltante enchante nos yeux, autant que les magnifiques costumes d’époque. La reconstitution fastueuse de cette période pré révolutionnaire n’a d’égale que le regard incisif et ironique porté par le cinéaste britannique. Il restitue le machiavélisme et la méchanceté sournoise du couple d’amants cyniques que forment Merteuil et Valmont. Au niveau des décors, les boudoirs et les salons ruisselants où se joue l’intrigue et où règne l’hypocrisie ajoutent une touche d’excellence à cette adaptation, bien supérieure à celle de Milos Forman, Valmont, sortie la même année, avec moins de succès.
Les dialogues et les mots d’esprits, pourtant très littéraires, n’ennuient jamais, au contraire ils mettent la barre encore plus haut, en appuyant là où ca fait mal: la luxure, la trahison, la culpabilité et le pouvoir de séduction sont éclairés d’une lumière crue et impitoyable. L’interprétation de tout premier plan poursuit le travail de façon remarquable: Glenn Close n’a jamais été aussi grandiose que dans cette partition de marquise manipulatrice, John Malkovich excelle dans le registre du séducteur Valmont, en y ajoutant une bonne part d’ambigüité, et enfin Michelle Pfeiffer incarne la douceur délicate fort charmante de Madame de Tourvel, sacrifiée sur l’autel d’une vengeance ignoble. Mourir d’amour n’a jamais eu autant de gueule que dans ce très beau film, devenu un classique, et récompensé par trois Oscars (scénario, costumes, décors) et un César du meilleur film étranger.
ANNEE DE PRODUCTION 1989.