Michel et Claire sont sur la route du retour de vacances avec leurs petites filles. Par hasard, dans les toilettes d’une station service d’autoroute, Michel retrouve Harry, un vieux camarade de lycée, perdu de vue depuis plus de vingt ans. Cet Harry, à l’allure décontractée et sympathique, va peu à peu s’immiscer dans la vie du couple, rappelant fréquemment à Michel combien il est fort dommage qu’il ai arrêté l’écriture. En effet, dans ses jeunes années, ce dernier publiait des poèmes dans le journal local, mais sa vie de famille très prenante a fini par avoir raison de son ambition littéraire…
Ce thriller atypique, troublant et déroutant a été écrit et réalisé par Dominik Moll, un grand admirateur d’Hitchcock, dont on sent très nettement l’influence. Son récit, très original et admirablement construit, installe une atmosphère angoissante par petites touches, comme pour faire rentrer insidieusement le spectateur dans la tête de ce personnage inquiétant d’Harry. Qui est il vraiment? Quel est son but caché? Pourquoi le titre dit il qu’il a de bonnes intentions, alors que l’on devine progressivement que le Mal l’habite? Mis en scène avec un soin extrême, le film commence presque comme une comédie grinçante, puis dérive vers de l’étrangeté ambiante, avec sa cohorte de non dits, de suppositions et de secrets enfouis. Le plus étonnant est la manière dont Moll enferme ses protagonistes dans une spirale maléfique tout en montrant des scènes du quotidien, en apparence banales.
Harry, un ami qui vous veut du bien excelle par ses nombreuses qualités (rarement réunies dans un premier long métrage): une narration fluide et prenante, des idées de réalisation surprenantes, et pour couronner le tout un splendide quatuor d’acteurs, parfaitement dirigés. Laurent Lucas, encore une fois à sa place dans un rôle d’homme tourmenté et un peu dépassé, Sergi Lopez captivant dans sa partition ambivalente et nuancée, et une remarquable Mathilde Seigner, observatrice impuissante du chaos silencieux en train de se mettre en place. La psychologie joue également une part capitale dans les éventuelles interprétations que le film avance, sans justement trop en dire, il nous laisse le champ libre à la réflexion. Moll accouche d’une oeuvre déconcertante, mais d’une maitrise exceptionnelle.
ANNEE DE PRODUCTION 2000.