Un jeune homme, Alexandre Bartel, est accusé d’avoir violé une jeune femme, Mila Wizman. Qui sont-ils? Est-il coupable ou innocent? Est-elle victime ou uniquement dans un désir de vengeance, comme l’affirme l’accusé? Les deux jeunes protagonistes vont voir leurs vies voler en éclats, et les répercussions touchent aussi leurs proches. Un procès retentissant s’ouvre deux ans après les faits, pour dénicher la « vérité »…
Beaucoup plus habitué aux comédies sentimentales divertissantes ou aux légers récits de familles, l’acteur réalisateur Yvan Attal s’est risqué d’adapter cette fois le roman foisonnant de Karine Tuil, pour en tirer un film dramatique passionnant et bourré de réflexions. Interrogeant la notion de consentement, mais aussi sur le rôle de la justice dans les affaires de moeurs, ou encore sur la difficulté des rapports humains, Les Choses Humaines cherche sans cesse à nous interpeller, nous captiver par sa capacité à montrer qu’il y a rarement une vérité et une seule. Que souvent la complexité des êtres fait qu’en cours d’assises, il n’est pas aussi facile de juger, malgré des preuves apportées, surtout si elles ne sont pas irréfutables. Attal refuse tout manichéisme, fait entendre la voix des deux parties, ne minimise pas la douleur de la victime, mais ne tente pas non plus de condamner en avance un accusé, dont on voudrait percer le mystère. Une grande partie du film se concentre sur les témoignages croisés, la parole des uns et des autres, puis dans un dernier acte, il s’agit clairement d’un film de procès assumé, comme si « on y était ». La volonté du réalisateur de Mon Chien Stupide semble d’être de nous placer dans la peau d’un juré, responsable du verdict qu’il va rendre, aussi difficile soit il. Pour le spectateur, et selon les sensibilités, le film paraitra dérangeant, inconfortable, et provoquera le malaise.
N’est-ce pas le but du cinéma? Nous bousculer justement dans nos certitudes ou nos à priori? Dans une époque où les violences faites aux femmes sont enfin dévoilées, clamées et révélées, ce récit arrive à point nommé. Pourtant, encore une fois, la force du propos n’est pas de montrer du doigt les hommes en général, mais de se pencher sur un cas précis, sans faire d’amalgames faciles. Tous les comédiens sont exemplaires: en particulier les deux jeunes, Ben Attal (prometteur acteur à l’héritage illustre) et Suzanne Jouannet, une actrice pleine de ressources et toujours juste que l’on devrait revoir très vite. Et bien sûr les « anciens »: Pierre Arditi, Matthieu Kassovitz et surtout Charlotte Gainsbourg, que l’on avait plus vu si émouvante depuis longtemps et qui nous serre le coeur en trois séquences marquantes. Un sujet très délicat, mais traité avec humanité dans ce film à voir absolument.
ANNEE DE PRODUCTION 2021.
