A bord du train Moscou/Mourmansk, Laura, une jeune étudiante finlandaise en archéologie doit partager une voiture couchette avec Lioha, un russe un peu brut de décoffrage. Cette cohabitation et d’improbables rencontres vont peu à peu rapprocher ces deux êtres à priori opposés…
La planète cinéma du côté de la Finlande abrite très peu de cinéastes reconnus pour leur singularité, leur vision du monde, si ce n’est Aki Kaurismaki, qui ne tourne plus depuis quelques années. C’est donc avec d’autant plus de plaisir que nous découvrons le second long métrage du dénommé Juho Kuosmanen. A la lisière de la comédie sentimentale et du récit initiatique, sa narration tranquille et sans artifices nous raconte l’histoire d’une rencontre tout à la fois simple et insolite. L’héroïne entreprend un voyage en train pour aller visiter un site archéologique réputé dans la région russe de Mourmansk et fait la connaissance d’un trentenaire, seul comme elle, qu’elle va apprendre à découvrir. Sur le papier, rien de bien exaltant, sur l’écran tout prend son temps: le cinéaste empile les séquences anodines, sans grands rebondissements, et parvient pourtant à charmer par de furtifs moments de grâce. Filmant la jeune fille au plus près, la caméra tente sans cesse de nous la rendre proche, palpable et vivante, sur l’air du tube Voyage Voyage de Désireleiss. Pour elle, l’intérêt reste intact jusqu’au bout et la réunion de ces deux solitudes gagne très progressivement notre appréciation.
En ce qui concerne l’interprétation, elle n’accuse aucune faille, et Seid Haarla révèle un joli tempérament d’actrice avec son physique un peu ordinaire, mais collant parfaitement à l’ambition affichée de ne pas faire de glamour. Son partenaire, le russe Yuriy Borisov, mélange de fureur et de douceur, rappelle un peu Benoit Magimel à ses débuts. Tourner presque entièrement dans un train n’est pas chose aisée, Kuosmanen se sort brillamment de cet obstacle et malgré l’enjeu très ténu de son script, réalise une comédie romantique à mille lieux des insipides love story, inondant le genre, dans le cinéma américain surtout. L’obtention du Grand Prix du Jury à Cannes, ex aequo avec l’iranien Un Héros, semble tout de même un poil abusif.
ANNEE DE PRODUCTION 2021.
Belle critique du film compartiment 6 je l’ai beaucoup aimé un cinéma authentique sans fioritures