Un dangereux psychopathe écume les clubs gays de New York et massacre vicieusement des homosexuels. Le détective Steve Burns reçoit l’ordre d’aller enquêter dans ce milieu, en portant des vêtements en cuir, de devenir un client habitué des sex clubs et notamment les lieux SM, afin de recroiser peut être le tueur en question…
Après ces deux immenses cartons au box office, French Connection et L’Exorciste, le réalisateur américain William Friedkin pouvait se permettre de tourner à peu près tout ce dont il avait envie, sans manquer d’audace dans ses sujets. Et cette Chasse (Cruising en version originale) joue à fond la carte de la provocation, de l’extrême et du borderline. Plongeant son récit dans le milieu fermé, mal connu et surtout quasiment jamais filmé du SM gay des boites new yorkaises, le cinéaste offre une radiographie d’un versant de l’homosexualité, ou du moins de certaines pratiques. Quitte à choquer ou à se mettre à dos la communauté par cette description sans fards. Mais le film n’est bien sûr pas un documentaire, il se veut d’abord prenant et angoissant par son intrigue policière, son serial killer sadique et ses meurtres sanglants. L’ambiance glauque hypnotise notre attention et nous fascine par son déroulement judicieux, aidé par un scénario solidement ficelé.
Friedkin n’a pas cherché à plaire ou à caresser le public dans le sens du poil, il ne montre pas véritablement de sexe ou de relations physiques entre hommes, mais il filme les corps, les rapprochements, la drague virile et suggère quelques plans osés (notamment un de fist fucking!). Il met surtout l’accent sur le suspense de cette enquête hors normes menée par Al Pacino, dans un de ses rôles les plus controversés. Il incarne parfaitement l’ambiguité de ce flic, lancé dans un milieu qu’il découvre avec ses yeux novices, et le script sous entend à de nombreuses reprises que cette immersion provoque en lui des changements de comportement et de personnalité. Même si cette expérience filmique paraît moins « scandaleuse » aujourd’hui, il est difficile de nier combien Friedkin injecte du réalisme, du malaise et de la peur et ne se fourvoie pas dans un cinéma « confortable ».
ANNEE DE PRODUCTION 1980.