Sébastien Grenier, un ancien espion, dirige une société à Zurich, marié à une universitaire d’extrême gauche, Anna. Tandis que les attentats terroristes se multiplient, Sébastien est contacté par un fonctionnaire suisse, Jean Paul Chance. La mort de ses deux amis les plus chers décide Sébastien à reprendre ses activités d’espion…
Adapté d’un roman de George Markstein, un spécialiste de la Série Noire et auteur du fameux Le Prisonnier, combine une addition de talents et de grands noms assez inédite. A la réalisation tout d’abord, Yves Boisset, à l’aise dans le genre du film d’espionnage traitant aussi de politique (on se souvient de Le Condé ou L’attentat) était le cinéaste tout désigné pour raconter cette histoire alambiquée, aux multiples zones d’ombres, mais menant habilement son intrigue. Ensuite aux dialogues, écrits par Michel Audiard le bien nommé, sachant là utiliser sa plume avec intelligence, sans tomber dans « les bons mots » systématiques qu’on a pu lui reprocher pour ses comédies. Puis, un maestro de la musique de films, en la personne d’Ennio Morricone, composant un thème entêtant proche de celui d’Enquête sur un citoyen au dessus de tout soupçon. Les enjeux du récit demeurent flous, comme souvent dans ce type de films, où les personnages se méfient les uns des autres, mais dans une ambiance délétère et paranoïaque, on comprend vite que le héros joue sa peau, seul contre tous, dans une traque permanente. Le suspense reste suspendu jusqu’au bout, avec quelques petites baisses de rythmes en chemin.
Qui sont les salauds? Qui complote contre qui? Autant de questions que l’on se pose, en suivant ce film de facture très honorable, et en se délectant également d’une distribution tout à fait éblouissante. Lino Ventura en impose, comme d’habitude, dans le rôle principal avec son calme olympien et son magnétisme légendaire, Michel Piccoli se régale d’incarner une figure pleine d’ambiguité et de mystères, et leur face à face est d’autant plus jouissif qu’ils étaient deux immenses acteurs aux méthodes de jeu opposées. Leurs illustres partenaires, Bruno Crémer, Bernard Fresson et Heinz Bennent ajoutent du positif dans des seconds rôles solides. Comme quasiment dans tous ses films, Boisset fonce tête baissée dans un final très sombre, sans la moindre lueur d’espoir.
ANNEE DE PRODUCTION 1981.