A sa sortie de prison, Leo Handler revient chez lui avec un seul but: rentrer dans le droit chemin et se racheter. Il trouve du travail chez son oncle, Franck, patron de la firme Electric Rail Corporation, régnant sur le métro dans le Queens. Son ami de toujours, Willie, l’initie aux méthodes louches de la société. Témoin de chantage, de corruption, puis de sabotage et de meurtre, il se retrouve au centre d’une situation explosive…
Près de six ans après son très beau coup d’essai, Little Odessa, le réalisateur américain James Gray rentre dans le nouveau millénaire avec ce polar sombre et tragique, pensé avec génie, travaillé avec précision et élaboré avec classe. Ce n’est pas le policier traditionnel avec poursuites de bagnoles, explosions et affrontement de gros bras qui titille Gray, c’est plutôt le drame feutré, une intrigue lente mais implacable, enfermant ses personnages dans une spirale infernale, exactement comme dans les tragédies antiques. Les ingrédients y sont d’ailleurs tous réunis: les liens du sang pervertis, l’inceste, la trahison, la vengeance et le tout à l’intérieur d’une famille pourrie de l’intérieur! Dans une forme dépouillée et suivant un récit brillamment écrit, The Yards bénéficie d’un style élégant, dans lequel la violence se passe surtout hors champ et se veut d’ailleurs plus psychologique que physique. Gray tisse le portrait d’un jeune repris de justice, naïf au début, puis rapidement mis au parfum du danger, devenant la cible de la plus impitoyable famille de la ville (en l’occurrence la sienne!).
Avec ses jeux d’ombres, ses plans nocturnes et ses visages blafards, le film possède une apparence de cauchemar éveillé, dans lequel on se sent pris au piège, à l’instar du jeune héros, pressentant que le pire peut arriver à tout instant. L’autre point majeur à saluer réside dans l’extraordinaire casting réuni ici! Mark Whalberg, Joaquin Phoenix, Ellen Burstyn, Faye Dunaway, James Caan et Charlize Theron sont tous, sans exception, intenses au possible et Gray les dirige de main de maître. Sans esbrouffe ni séquences bourrées d’effets spéciaux, ce polar fin et fort bien mené redonne ses lettres de noblesse au genre. Le cinéaste réitérera l’exploit avec La Nuit nous appartient en 2007 et atteindra cette fois le chef d’oeuvre!
ANNEE DE PRODUCTION 2000.