Geum Ja devient un personnage public, lorsqu’elle est accusée à tort de l’enlèvement et du meurtre d’un enfant. Elle n’a alors que 18 ans. Elle est incarcérée dans une prison pour femmes et y purge une peine de 13 années. Pendant tout ce temps, elle va préparer une vengeance terrible envers le vrai coupable…
Lady Vengeance est le dernier volet d’une trilogie sur le thème de la vengeance, entamé avec Sympathy for Mr Vengeance en 2002, poursuivi par Old Boy l’année suivante. Son auteur, le coréen Park Chan Wook, n’a pas son pareil pour réaliser des oeuvres à la fois très soignées esthétiquement, habilement racontées et à la violence crue. Cette fois, il prend une femme en protagoniste principal, déterminée à assouvir son désir de justice et à se venger de l’homme responsable de son incarcération. Encore appuyé par des flash backs éclairant le passé de l’héroïne, le récit se déroule telle une tragédie inéluctable, dans laquelle le sang va couler à flots, sans omettre quelques séquences d’émotion réelle. Park Chan Wook nous sert à nouveau son épatant sens de la mise en scène, ses outrances, son goût pour les trouvailles visuelles et donne à ce polar mâtiné d’humour noir une tenue indiscutable. En revanche, l’abondance de scènes montrant les co détenues en prison embrouillent souvent davantage le propos plutôt qu’il ne le structure et le fil de l’histoire a tendance à se diluer quelque peu.
Soulignons le travail sur les décors, les couleurs symboliques (le rouge domine et contraste fortement avec le blanc), l’utilisation de la musique classique: autant d’éléments prouvant l’immense talent de metteur en scène de Chan Wook. Le cynisme des dialogues fait écho au Kill Bill de Tarantino, partition brillante sur le même sujet sorti un an avant, et la notion de rédemption ne peut manquer de questionner. Est ce qu’en stylisant à ce point la violence, le cinéaste ne prend il pas le risque de la glorifier? Jeune actrice inconnue chez nous, Lee Young-Ae incarne cette figure vengeresse avec un admirable aplomb, ses partenaires de jeu témoignent tous d’une belle implication. Un bon film donc, toutefois moins prenant et moins brillant que Old Boy, encore jusqu’à aujourd’hui le chef d’oeuvre absolu de Park Chan Wook.
ANNEE DE PRODUCTION 2005.