SANS FILTRE

Après la Fashion Week, Carl et Yaya, un couple de mannequins influenceurs, sont invités sur un yacht pour une croisière de luxe. Tandis que l’équipage est aux petits soins avec les vacanciers, le capitaine, visiblement irascible et alcoolique, refuse de sortir de sa cabine, alors que le fameux diner de gala tant attendu approche. Les événements prennent une tournure toute différente quand une sérieuse tempête se lève et met à mal le confort de ce petit monde…

Voici le troisième long métrage du réalisateur suédois Ruben Ostlund, après l’hilarant Snow Therapy et surtout The Square, ayant remporté une Palme d’Or contestée en 2017. Avec ce nouvel opus, Ostlund réitère l’exploit de décrocher la récompense suprême à Cannes, encore une fois en appuyant là où ça fait mal et en poussant très loin les limites de la comédie noire, satirique au possible. Le capitalisme en prend pour son grade, tout autant que la masculinité dominante, et le traitement entre différentes classes sociales est disséqué avec humour et causticité, rappelant un peu le cinéma de Luis Bûnuel. Dans cette intrigue, tout n’est que superficialité et les notions d’utilité et de valeur apparaissent véritablement quand chacun se retrouve démuni. Le film se divise en trois parties distinctes (la première met l’accent avec pertinence sur le rôle de l’argent au sein d’un couple , puis dans la seconde on assiste à un déferlement « comique » lorsque les passagers d’un yacht luxueux sont confrontés à une catastrophe naturelle, enfin dans la troisième, le réalisateur repose les bases des relations entre chaque personnage et montre ce qui a clairement changé).

Jubilatoire et souvent drôle, Sans Filtre fait aussi appel à notre intellect avec son écriture fine, pensée et s’autorisant bien des audaces. En grand cinéphile qu’il est, Ostlund nous rejoue l’air de rien le propos de La Grande Bouffe de Ferreri, où la société de consommation outrancière était montrée du doigt, mais également sur les rapports entre les riches(dominants et arrogants) et les pauvres (les esclaves à leur service) que la cinéaste italienne Lina Weirtmuller dénonçait brillamment dans son très beau Vers un destin insolite sur les flots bleus de l’été. Au niveau des comédiens, le jeune Harris Dickinson, un beau gosse un peu lisse au jeu plus que correct, donne la réplique à la regrettée Charlbi Dean, décédée il y a deux semaines à peine et qui n’était pas qu’une jolie poupée, affichant même de belles capacités d’actrice. Enfin, en commandant d’un bateau qui prend l’eau (lui c’est plutôt l’alcool), Woody Harrelson cabotine comme à son habitude, mais c’est dans la logique délirante du script! Comme pour The Square, Ostlund pêche par une durée excessive et une ultime demie heure moins percutante. Mais tout le reste mérite tous nos applaudissements!

ANNEE DE PRODUCTION 2022.

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Seconde Palme d'Or (un poil surestimée) pour Ostlund. Une satire caustique et jubilatoire contre le capitalisme rampant. Presque que des qualités, si ce n'est les longueurs de la dernière partie.

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