Les journalistes du New York Times, Megan Twohey et Jodi Kanton publient un rapport qui expose les allégations d’abus sexuels contre le puissant producteur hollywoodien de Miramax Films: Harvey Weinstein…
A peine 4 ans après Scandale, le film qui racontait le harcèlement sexuel répété au sein de la chaine de TV américaine Fox News, voici qu’Hollywood s’empare d’un autre très gros scandale: celui de l’Affaire Harvey Weinstein et l’onde de choc qui s’ensuivit. Le script se penche en fait sur l’enquête diligentée par deux jeunes journalistes du New York Times autour de plusieurs plaintes restées sans suite ou étouffées autour du magnat tout puissant du cinéma. L’actrice allemande Maria Schrader passe derrière la caméra pour signer ce film dossier, rappelant dans l’esprit Les Hommes du Président, où deux journalistes faisaient éclater la vérité autour du Watergate. Ici, il s’agit de libérer la parole de femmes humiliées, agressées et violées, dont on a acheté le silence à coups de compensations financières, afin de les laisser seules face à elles mêmes. Sur une mise en scène certes très classique et sans inventivité particulière, She Said restitue avec plus de détails les informations édifiantes que le monde entier a découvert en 2017, se rendant compte que tout un système soutient indirectement les actes de prédateurs sexuels comme Weinstein. Avec cette reconstitution précise et informée, l’opus reste bien sûr très factuel, sans prise de risques, mais le propos est assez passionnant pour tenir la route sur les deux heures de projection.
Les mérites en reviennent aussi aux deux actrices principales, Carey Mulligan (déjà formidable dans Promising Young Woman en 2020) et Zoé Kazan, discrète jusque là et plutôt utilisée dans des seconds voire troisième rôles et qui impose cette fois sa réelle présence. Le point de vue du film privilégie évidemment celui des victimes et des femmes trop longtemps écrasées sous une domination masculine insupportable et un patriarcat faisant office de normalité, alors un certain manichéisme se trouve mis en avant malgré toute la sincérité d’une narration honorable. Pas trop de pathos, un peu trop de musique pour souligner les effets dramatiques: on est bel et bien dans une oeuvre purement américaine. Elle a au moins le mérite d’exister et de relater ce qui a abouti au mouvement MeToo: on sait aujourd’hui qu’il y a eu un avant et un après!
ANNEE DE PRODUCTION 2022.
