L’avocat Anton Adam est plus intéressé par sa carrière que par la justice. Ses erreurs finissent par le desservir et un jour, il est pris dans une affaire, où il est lui même victime d’un dangereux chantage. Pour se sortir d’affaire, il peut compter sur sa fidèle et pugnace secrétaire Olga…
Avant l’établissement du Code Hays en 1934 et sa censure sévère contre des thèmes dits « sensibles ou scandaleux », Hollywood laissait à ses auteurs la liberté d’écrire et de tourner des films audacieux et non brimés par tel ou tel type de contraintes. Le réalisateur William Dieterle, futur papa d’oeuvres comme Female ou Quasimodo, fut ainsi inspiré pour dresser ce portrait fin et virulent à la fois d’un homme au métier parfois mal connu: avocat. Une profession oscillant entre sacerdoce et magouilles, intérêts personnels et vocation sincère. Le héros du film, Adam, au départ modeste, exerçant dans le Lower East Side, se voit grisé par le pouvoir que lui promet une association douteuse avec un riche avocat des quartiers huppés de New York. Dès lors l’intrigue mélange la comédie, l’étude politico morale, la romance également et Dieterle agence le tout dans un scénario étonnant, fluide et sans fioritures (le métrage ne dure qu’1H05!). Sur des dialogues enlevés, Lawyer Man multiplie les qualités: une mise en scène efficace et bien tenue, un récit divertissant et intelligent, et surtout la description d’un milieu et d’un peuple: Le Lower East Side est à l’époque du tournage, le quartier de New York où vit la communauté juive.
Enfin, il est surprenant de voir combien le rôle des femmes est mis en valeur dans ces années où le cinéma les reléguait au rang de potiches ou de faire valoir. La vraie force de l’histoire tient en fait entre les mains de la petite secrétaire, secrètement amoureuse de son patron volage et séducteur, mais qui n’est pas seulement la jolie blonde écervelée habituellement employée, mais une vraie femme de tête, pugnace et décisive pour la tournure des événements. Elle est campée par Joan Blondell, une actrice ravissante un peu oubliée aujourd’hui, et qui tient la dragée haute à son partenaire, William Powell, au physique un peu passe partout et qui n’a pas marqué les esprits, malgré une carrière étalée du muet au milieu des années 50. Sans être un indispensable classique, ce Lawyer Man mérite une considération particulière.
ANNEE DE PRODUCTION 1932.