Susan Caldwell, jeune chanteuse à la voix d’or, vient juste d’être hospitalisé, suite à une apparente tentative de meurtre, perpétré par Marian Washburn, elle même ancienne chanteuse à succès, dont la carrière fut brisée quelques années auparavant. Cette dernière avait pris en main la carrière de Susan pour la transformer en étoile du music hall. Marian semble avouer son geste, mais pour la police, tout ne paraît pas aussi simple…
Second long métrage du cinéaste maudit Nicholas Ray, futur auteur de La Fureur de Vivre et de Johnny Guitare, ce polar de femmes plutôt méconnu est une oeuvre de commande du studio RKO, afin de révéler les qualités de mise en scène de ce réalisateur rebelle, qui connaitra par la suite de sérieux démêlés avec ses différents producteurs. Sur un scénario écrit par Herman Mankiewicz à qui l’on doit le mythique Citizen Kane, l’intrigue ressemble un peu au sublime Eve (sorti un an après), à savoir la relation trouble d’une artiste coachée par une autre, aboutissant à une rivalité et une jalousie fatales. Ici, la trame se veut surtout davantage policière que seulement dramatique, et Ray se penche sur les événements ayant conduit au « meurtre » ouvrant le film. Avec l’emploi excessif de flash backs, à la mode à cette époque, il déroule des explications contradictoires censés brouiller les pistes, avec plus ou moins de maitrise. A la fin de cette décennie 40, les polars centrés sur une figure féminine étaient assez rares, ce qui en fait l’intérêt, d’autant qu’il met en scène deux actrices au tempérament de feu, joliment associées devant la caméra de Ray.
La première et vraie star s’appelle Maureen O’Hara, découverte dix ans plus tôt par Hitchcock dans La Taverne de la Jamaïque, cette rousse magnifique avait en prime de vrais dons de comédienne et la deuxième Gloria Grahame, piquante blonde alors encore à ses débuts, incarne la chanteuse pas si victime qu’elle en a l’air avec un bel aplomb. On la reverra chez Minnelli, Lang, De Mille, etc… Face à elles, le vétéran Melvyn Douglas semble même être leur faire valoir (une autre chose rarissime à Hollywood!). Loin de ses oeuvres grandioses, Secret de femme se place parmi les opus mineurs de Nicholas Ray, tout en constituant un divertissement convenable pour lequel on ne doit pas bouder son plaisir.
ANNEE DE PRODUCTION 1949.