Claire est la droiture même, sage femme de profession, elle a voué sa vie aux autres, déjà préoccupée par la fermeture prochaine de sa maternité. Elle voit son quotidien bouleversé par le retour de Béatrice, ancienne maitresse de son père disparu, qui l’avait élevé et côtoyé durant de longues années. Une femme opposée en tout à Claire: fantasque, égoïste, volubile. Leurs relations ne vont pas être de tout repos…
Heureux auteur du très beau Séraphine, le réalisateur Martin Provost se remet en selle pour filmer à nouveau des destins féminins, son sujet de prédilection semble t’il. Il établit un scénario astucieux et plutôt mystérieux au départ, contant les retrouvailles de deux femmes que tout oppose (leurs vies, leurs convictions, leur nature), s’étant bien connus trente ans auparavant avant que l’une ne disparaisse soudainement de la vie de l’autre. Sage Femme raconte cette histoire de résurgence du passé, la renaissance d’un lien inachevé, l’improbable réunion de deux caractères d’abord en conflit, puis qui vont réapprendre à s’écouter et à s’aimer. Provost dirige cette fable humaniste, pleine de sensibilité subtile, sans oublier d’y injecter une drôlerie naturelle, un humour discret et élégant. Imbriquant le romanesque et l’intime, le cinéaste de Violette construit une narration fluide et séduisante, évoquant la transmission, le poids du passé, la crainte du futur et la peur de la maladie. Il céde à quelques instants à des facilités et frise le mélo convenu, sans pour autant sauter à pieds joints dedans, retenant ses effets avec malice.
La vacherie des rapports et la cruauté que l’on entretient parfois par rancune ressort dans quelques dialogues, avant d’être rattrapé par une tendresse réelle que le film n’impose pas artificiellement. Amère, lucide et bien sentie, cette comédie ne joue pas la carte du faux semblant et lorgne au contraire vers une authenticité très appréciable. Et quel plaisir d’assister à ce duo au sommet de deux actrices à la fois si dissemblables et complices: les deux Catherine (Frot et Deneuve), donnant toute la saveur à cette belle oeuvre sur le temps qui passe et la mort qui s’insinue. Merci Mesdames pour ce travail virtuose!
ANNEE DE PRODUCTION 2017.
