Après plus de dix ans d’absence, Mae Doyle revient dans sa ville natale. Elle est courtisée par Jerry, un marin pêcheur, soucieux de fonder une famille. Ils se marient. Mais Mae est aussi attirée par le meilleur ami de Jerry, un dénommé Earl, un mec troublant qui tente également de la séduire…
Dans sa carrière américaine, l’immense Fritz Lang a offert un sacré paquet de grands films (La 5ème Victime, La Rue Rouge, L’invraisemblable Vérité), et des oeuvres moins bien considérées et pourtant pleine de qualités, comme ce Clash by Night (titre original). Tourné sous l’impulsion de son ami, le dramaturge Clifford Odets qui lui sert ce scénario clef en main, le film sera un des rares mélodrames de l’auteur de Métropolis, un genre avec lequel il n’était pas très à l’aise de son propre aveu. Cette histoire décrit les passions vives, les sentiments déchainés d’un triangle amoureux classique (la femme, le mari, l’amant), dans une petite ville côtière des Etats Unis. Lang impulse à son intrigue une tension palpable dès le générique avec les plans de l’océan en furie, ses rouleaux de vagues dangereuses, sa houle impressionnante, à l’instar des comportements humains auxquels on va assister. Les personnages , que l’on sent constamment sur le point d’imploser, se contiennent, bouillonnent et laissent enfin parler leurs pulsions: l’insatisfaction profonde de l’héroïne, la violence physique du mari longtemps « trop bon trop con », le désir puissant de l’amant à posséder cette épouse qu’il vole à son ami sans le moindre scrupule. Bref des êtres de chair et de sang, en pleine déraison. Pendant presque une heure, un semblant de « tranquillité » prend toute la place, avec une succession de scènes à priori anodines, laissant au drame le temps de se nouer.
Lang parait en effet plus emprunté que dans ses films policiers, certainement parce qu’il traite de tourments affectifs, sans passer par la case du meurtre ou de l’enquête. Il confie un petit rôle sympathique à Marilyn Monroe, campant une ouvrière d’usine à poissons (!!) plus que charmante et peu décidée à se faire dicter sa conduite par un homme. Robert Ryan, fort en gueule, impose son charisme un peu sec et enfin, Barbara Stanwyck incarne une femme revenue de tout, prise au piège d’un mariage banal, alors qu’elle ne cherche que le feu sacré de l’amour passion. Elle livre une formidable composition. Ce Démon se termine par contre de façon très morale et ce happy end sonne faux, comme si Lang avait dû céder aux injonctions du studio. Même mineur, cet opus retient sans mal l’attention.
ANNEE DE PRODUCTION 1952.