As de la guerre de l’aviation, Georges Miller a épousé par amour la sculptrice Valérie Hayden, richissime par héritage. Mais la mère de Valérie, femme despotique, y a fortement mis la main et organise à son gré la vie du jeune ménage, empêchant Georges de se lancer dans une carrière d’architecte par lui même. Excédée des abus de sa mère, Valérie en veut à Georges de ne pas lui tenir tête et commence à le tromper. Lui, de son côté, sombre dans l’alcoolisme…
Très librement inspiré du scandale provoqué par le meurtre de l’amant de l’actrice Lana Turner par la fille de cette dernière, voici un sujet que n’aurait pas désavoué Douglas Sirk (et qu’il aurait d’ailleurs beaucoup mieux réalisé!). Tous les ingrédients d’un roman de gare sont au rendez vous: grands sentiments, meurtre, suicide, procès, sexualité, et autant de rebondissements mélos, dignes d’un « soap » type Feux de l’Amour ou Dallas! Derrière la caméra, le vétéran Edward Dmytryk, revenu à Hollywood après un exil forcé dû à la Chasse aux sorcières, se dépatouile tant bien que mal de cette intrigue touffue de saga familiale, ne cherchant pas à la rendre plus « fine ». Il adapte en fait le roman à succès d’Harold Robbins et en garde le jeu psychologique fascinant autour d’une adolescente meurtrière, avec en point d’orgue les rivalités (d’où le titre!) entre la mère et la fille, vraies punaises chacune dans leur genre et entretenant d’excécrables rapports. Dmytryk se contente d’une mise en scène ultra classique, limite télévisuelle, tentant avec maladresse d’adopter plusieurs points de vue, ce qui complexifie un peu le récit. Il faut toutefois reconnaitre que certains thèmes tabous sont traités avec audace pour l’époque, sans que la censure n’ai eu à s’en plaindre.
Si l’acteur Michael Connors, futur Mannix, ne casse vraiment pas trois pattes à un canard avec son jeu figé et atone, Rivalités vaut essentiellement pour son affrontement féminin de grande tenue. Dans un rôle de mère toxique comme on n’en voit plus, Bette Davis se délecte d’incarner pareille harpie avec toute l’énergie qu’on lui connait (et elle cabotine bien sûr!), et Susan Hayward, une actrice moins connue mais géniale dans le très beau Je Veux Vivre, écope du personnage de la femme de mauvaise vie (mère indigne elle même, nympho et infidèle à son époux!). Ce duo incisif est d’autant plus savoureux que les deux comédiennes se détestaient aussi cordialement dans la vraie vie! Ce mélo ne s’avère pas du tout indispensable à voir, sauf sans doute pour ce choc (verbal et visuel) de ces tempéraments de feu!
ANNEE DE PRODUCTION 1964.